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1001 classiques
13 avril 2021

Dans la forêt de Hokkaido d'Eric Pessan : ISSN 2607-0006

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Parc national Akan-Japon © gettyimage

Dans-la-foret-de-hokkaido"Tout ce que nous voyons ou croyons n'est qu'un rêve à l'intérieur d'un rêve", A. E. Poe (exergue) :

L'exergue annonce un récit onirique : en effet, tout commence par un rêve. Julie, une jeune fille d'une quinzaine d'années, se réveille en hurlant. Elle rêvait qu'elle était un garçon perdu, abandonné :

"J'étais un petit garçon.

J'étais dans la forêt d'Hokkaido.

J'étais seul.

J'étais perdu, pire que perdu.

J'étais abandonné" (p. 10).

La jeune adolescente a l'impression d'être dans la forêt d'Hokkaido. Mais quel est ce lieu ? Elle recherche aussitôt des informations sur wikipedia et peut lire : " Wikipedia m'apprend que que Hokkaido n'est pas le nom d'une forêt mais

indexcelui de la plus septentrionale des quatre îles principales qui forment l'archipel du Japon. Elle est glacée l'hiver, fraîche et sèche en été, entourée d'une mer qui gèle régulièrement le long des côtes du nord, soumis à l'influence des vents venus de Sibérie [...]. elle abrite de nombreuses espèces sauvages et tout particulièrement des ours" (p. 21).

l'île d'Hokkaido. Source :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hokkaid%C5%8D

Pourquoi fait-elle le même rêve ? Quel lien peut-elle avoir ce petit garçon japonais ? Comme une moderne Alice au pays des merveilles, personnage qui n'en finit plus de fasciner les auteurs, elle retrouve ce cauchemar chaque fois qu'elle s'endort. A-t-elle un don de télépathie ?

Eric Pessan a transposé un fait divers et réel et l'a enrichi de plusieurs thématiques comme celles des migrants, des relations parents-enfants pour en faire une histoire originale et fantastique. L'auteur arrive habilement à mêler science-fiction, l'univers du conte - on peut penser au petit poucet aussi - et faits contemporains et réussit à nous surprendre...

Pessan Eric, Dans la forêt d'Hokkaido, L'école des loisirs médium poche, Paris, Mars 2020, 158 p.

Participation au mois du Japon organisé par Lou et Hilde (LC : un roman jeunesse)

Sur le web :

Hokkaido, le Japon nature
Choisir Hokkaido, c'est choisir un autre Japon. Le plus vaste des 47 départements de l'archipel offre à ses hôtes de vastes étendues vallonnées, verdoyantes et faiblement peuplées, contrastant avec le reste du pays, plus contraint.
https://www.lexpress.fr
"Dans la forêt de Hokkaido" d'Eric Pessan
Julie, 15 ans, se réveille avec le cœur qui bat à 100 à l'heure, angoissée et effrayée, en sursaut et en poussant le cri le plus déchirant de sa vie, au point de réveiller toute sa famille, c'est-à-dire son père, sa mère et son frère aîné.
https://www.franceinter.fr
Japon: L'enfant abandonné en forêt par ses parents a été retrouvé vivant
Il avait disparu samedi soir, laissé sur le bord de la route par ses parents en guise de punition sur l'île d'Hokkaido, au nord du Japon. Le petit garçon de 7 ans que 200 soldats, pompiers, policiers et bénévoles cherchaient depuis plus de cinq jours a été retrouvé vivant vendredi matin, selon le Hokkaido Shimbun.
https://www.20minutes.fr

 

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24 avril 2021

Tokyo express et Le point zéro de Seichô Matsumoto : ISSN 2607-0006

indexC'est avec Tokyo express, écrit en 1958, que Seichô Matsumoto devient célèbre. La quatrième de couverture résume bien (malgré des inexactitudes) ce roman policier, presque comiquement avec ses racourcis : "Un double suicide d'amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon. Dans les bars de ToKyo, l'inspecteur Mihara découvre des pots-de-vin et la vérité au fond d'un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il y a de curieux pressentisements devant un paysage de chiffres et apprend aussi la posésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer".

Tokyo express est une sorte de whodunit où - comme chez A. Christie - les trains ont une grande importance. L'énigme est si complexe et alambiquée que régulièrement l'inspecteur Mihara fait des schémas pour y voir plus clair et aider le pauvre lecteur... L'intrigue prime sur tout le reste, y compris les sordides magouilles politiques. C'est donc un roman policier  conventionnel, juste distrayant, même si la forme et le fond ne sont pas mauvais.

Matsumoto Seichô, Tokyo express, Clamecy, Avril 2020, Picquier poche, 189 p.

Le point zéroshin misho 001

Illustration du Point zéro © Shin Mishô

En revanche, avec sa jolie couverture d'Atiger, Le point zéro écrit l'année suivante, en 1959, est une histoire policière qui prend une toute autre dimension. L'intrigue y est toujours aussi complexe avec des disparitions, des meurtres, des changements d'identité multiples. Mais les personnages sont plus développés et l'auteur y a inséré l'histoire de l'après-guerre au Japon.

L'histoire se déroule dans les années 1960, à Tokyo mais aussi dans le Kanazawa enneigé (l'édition 10/18 contient quelques illustration de Shin Mishô, extrait de l'édition japonaise) : une jeune femme Teiko vient de se marier, grâce à un entremetteur, avec un homme qu'elle connaît à peine. Une mois après leur mariage, il disparaît. La courageuse et obstinée veuve décide d'aller à Kanazawa où son mari travaillait comme employé d'une agence publicitaire. Aidée d'un collègue de son mari, puis de son beau-frère, elle découvre peu à peu la vie de son mari et cette région japonaise...

Dans ce roman, l'énigme policière est captivante mais on retient aussi le discours sur le mariage arrangé, la place des femmes dans la société japonaise et leur rôle dans l'après-guerre. D'ailleurs l'héroïne, tout en étant discrète, mene intelligemment son enquête. Comme Teiko erre souvent seule dans la région de Kanazawa, on découvre avec elle le quotidien des habitants et une atmosphère hivernale baignée de mélancolie. Un excellent roman policier !

Matsumoto Seichô, Le point zéro, 10/18 grands détectives, France, juillet 2020, 287 p.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde (LC : un roman des éditions Picquier)

Sur le web : billet de Rachel

Le Japon d'après-guerre rattrapé par ses "pan-pan"
Une société bien moins lisse et disciplinée qu'elle ne s'affiche, un Japon ambivalent voire ambigu derrière la façade harmonieuse : le terreau est connu, irrigue la production artistique nipponne de l'après-guerre. Dont, logiquement, ce capteur sismique de l'époque qu'est censé être le roman noir.
https://www.liberation.fr
Au Japon, le charme discret de Kanazawa
C'est l'histoire d'un antique fief de samouraïs que l'arrivée du train à grande vitesse propulse dans la modernité. Depuis mars 2015, deux heures et demie de Shinkansen (le TGV japonais) séparent Tokyo de Kanazawa, divisant par deux la durée du voyage.
https://www.lexpress.fr

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Jardin de Kenroku-en https://fr.visitkanazawa.jp/mustgoplace/touristspot/area1/1

12 avril 2021

Les cerisiers fleurissent malgré tout de Ishiguchi : ISSN 2607-0006

FUKISHIMA

Photo de Tadashi Okubo (L'obs)

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les cerisiersMême des années plus tard, on se souvient tous de la tragédie de Fukishima : un tremblement de terre et un tsunami provoquent un accident dans la centrale nucléaire. Plusieurs mangakas se sont emparés du sujet : Je reviendrai vous voir (one shot) de Nobumi, Daisy lycéenne à Fukushima (deux volumes) de Reiko Momochi, Colère nucléaire (3 tomes) de Takashi Imachiro, Au coeur de Fukushima (3 tomes) de Tatsuta, Japon, un an après (one shot) de Tatsuta et Les cerisiers fleurissent malgré tout d'Ichigushi.

© by ICHIGUCHI Keiko /

Keiko Hishigushi vit en Italie où elle s'est mariée avec un bédéiste. Elle ne raconte pas d'une manière documentaire ce drame du 11 mars 2011, vécu de l'extérieur, mais elle met en scène une jeune journaliste lui ressemblant et montre les sentiments, les réactions des Japonais qui ne sont pas sur les lieux au moment du drame.

Dans les bonus, elle décrit ses recherches documentaire, le processus d'écriture et de création de ce manga : "Pour moi, une histoire se crée à partir d'un petit texte. cette histoire a vu le jour pour la première fois sous forme de quelques texts courts et appromatifs, gribouillés sur un petit bout de papier. Au départ, j'avais envie de faire une histoire inspirée de mes souvenirs d'enfance. A aprtir de cette idée, j'ai commencé à noterr les différentes scènes qui me venaient à l'esprit. c'était comme si j'écrivais un essai. Pendant ce processus, l'énorme séisme, suivi du terrible tsunami, s'est abattu sur le Japon. L'histoire a été irrésistiblement influencée par cette tragédie. Mon essai/récit s'est mué en une sorte de confession de mes émotions confuses" ( p. 123).

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© by ICHIGUCHI Keiko /

Ainsi, elle raconte l'enfance d'une jeune enfant Itsuko, différente des autres enfants car elle est atteinte d'une maladie qui peut être mortelle. Elle s'attache à sa maîtresse qui l'aide à progresser. Elle côtoie la mort mais elle se rappelle sans cesse que chaque chose est éphémère telle les fleurs de cerisiers, fleurs qui reviennent comme un leitmotiv poétique dans cette oeuvre. On en apprend davantage sur la mentalité des Japonais et des conséquences de ce drame : " S'il n'y avait pas eu l'explosion de la centrale nucléaire, les gens auraient pu reconstruire leur vie malgré toutes ces victimes et toutes ces destructions. J'en suis sûre. Je connais la force des Japonais ! Ils en auraient été capables !" (p. 91). Mais doit-on croire les informations données par l'Etat ? Itsuko doit-elle repartir pour le Japon ?

Même si les dessins paraissent parfois inachevés, les visages n'ayant pas toujours de traits, et malgré des fonds blancs, K. Ishigushi arrive parfaitement à transmettre ses émotions, ses ressentis à travers ces planches émouvantes. Les magnifiques motifs floraux, symbole de toute une nation, expriment merveilleusement ses idées. Un très bel hommage à son pays, à son enseignante et aux victimes de Fukushima... 

Les cerisiers fleurissent malgré tout, Keiko Ishigushi, Kana, Italie, 2013, 122 p.

Participation au challenge Un mois au Japon organisé par Lou et Hilde : hommage aux victimes de Fuskisma

Sur le web : billet de Hilde

Japon : pourquoi la "madone des décombres" a autant marqué ?
André Gunthert, directeur du laboratoire d'histoire visuelle contemporaine à l'EHESS, s'interroge sur le succès de la photo de cette sinistrée japonaise, qui a illustré la Une de plusieurs magazines, dont le Nouvel Observateur. Serge Ricco, directeur artistique de l'Obs, lui répond.
https://www.nouvelobs.com

 

5 mai 2021

Je fais un oiseau pour la paix d'Alain Serres et Claire Franek : ISSN 2607-0006

 

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mon origami © 1001 classiques.canalblog.com

origami 1Je fais un oiseau pour la paix est un album jeunesse ludique, éducatif et commémoratif. Il rappelle que la grue est un animal célèbre au Japon pour symboliser la paix, plus particulièrement les enfants victimes de la guerre (après Hiroshima).

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On nous propose donc de créer un origami en forme d'oiseau. Les consignes sont très claires et chaque forme évoquée est accompagnée d'illustrations explicatives. L'oiseau prend vite forme même si cela demande de la précision...

 

origami 3Parallèlement à ces instructions et à partir des formes du pliage, une autre histoire imaginaire est racontée, celle d'une petite fille à qui il arrive de merveilleuses aventures où les métamorphoses se multiplient. Faites aussi votre oiseau de la paix !

Capture d’écran 2021-04-04 220105Franek Claire, Serres Alain, Je fais un oiseau pour la paix, Edition rue du monde, France, mars 2015.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde.

Sur le web : billet de Hilde

12 mai 2021

Je reviendrai vous voir de George Morikawa : ISSN 2607-0006

 

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© George Morikawa / Nobumi

Je reviendrai vous voir est comme Les cerisiers fleurissent malgré tout une histoire autour de Fukushima mais abordée de manière intimiste. Dans ce manga, G. Morikawa dessine un moment de la vie de Nobumi, un illustrateur jeunesse. Après le drame de Fukushima le 11 mars 2011, il décide d'envoyer des livres pour divertir les enfants de la zone sinistrée. Très rapidement, il reçoit de nombreux ouvrages et les envoie à Fukushima : il en parle sur son blog. Aussitôt, il reçoit de nombreux mots d'insultes lui signalant que son geste paraît inutile au regard des besoins de la population... il décide de partir comme volontaire.

skm0G6HlQUORF5-EKnPhfa1ZWRs© George Morikawa / Nobumi

Nobumi paraît très touchant : il est volontaire et veut aider les enfants qui vivent dans des refuges. Mais quel choc lorsqu'il découvre le chaos de la ville, la misère, la saleté ! Pendant 5 jours, il va devoir chercher les souvenirs, désencombrer des rails, nettoyer un entrepôt, ravitailler la population, soutenir les collègues venus avec lui... Morikawa a particulièrement bien rendu le caractère de l'illustrateur qui est plein d'enthousiasme, excessif, mais qui traverse aussi des périodes de découragement et de doutes : est-ce qu'il est utile ? Les gens ont-ils envie qu'on leur rappelle sans cesse cette tragédie ?

71d7ep+9DrL© George Morikawa

Cette véritable histoire est racontée par son auteur Nobumi. Lorsque Morikawa lit cette tranche de vie, il l'adapte en manga. Le dessin paraît "rétro" : en fait, G. Morikawa est l'auteur d'Ippo, un manga de boxe, dont on reconnaît le style. La conception est tout à fait inouïe. Pour certaines planches, 9 autres mangakas ont contribué à dessiner les personnages (ils témoignent à la fin de ce one-shot). Effectivement, on voit parfois des traits de dessins un peu différents mais l'ensemble donne un rendu harmonieux, et n'apparaît pas comme quelque chose de disparate.

On ne voit que partiellement les dégâts de la ville de Fukushima, ses habitants, c'est surtout l'importance de la solidarité que le mangaka illustre. Un beau témoignage !

Capture d’écran 2021-04-04 220105Morikawa, je reviendrai vous voir, (one shot), Edition Akata, Italie, Mai 2015, 152 p.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde

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23 mai 2021

Le vieux fou de dessin de François Place : ISSN 2607-0006

Le vieux fous de dessins

A partir de faits biographiques réels, l'auteur-illustrateur François Place brode une histoire imaginaire lui permettant de mettre en scène un artiste emblématique du Japon : Hokusaï. En imaginant la rencontre d'un petit garçon analphabète et le "vieux fou de dessin", F. Place nous emmène dans les coulisses de la création de ce peintre. On découvre, à travers le turbulent et émerveillé jeune garçon, Tojiro, les anecdotes de la vie d'Hokusaï, la vie d'Edo la capitale du Japon, les techniques pour créer des estampes...

Samouraï, Sumos, théâtre kabuki, rues emcombrées, atelier de l'artiste, religion prennent vie sous la plume de l'illustrateur de La douane volante. De manière dynamique, l'auteur fait revivre cette période et l'artiste japonais. Cette biographie semi-fictive est rendue encore plus vivante par le personnage de Tojiro, qui se montre espliègle et pose un regard curieux et admiratif sur ce qui l'entoure : "Parmi toutes les images, une le fascine particulièrement. Elle a pour nom La Grande Vague à Kanagawa.

C'est une vague monstrueuse qui s'apprête à déferler sur des barques de pêcheurs tandis qu'au loin se distingue, minuscule, le cône enneigé du mont Fuji.

Comment le maître s'y prend-il pour arrêter ainsi le temps ? La vague semble vivante, elle bouillonne d'écume, on la voit prête à s'écrouler. Par la seule magie de son dessin, le maître a fixé l'éternité des deux éléments les plusfluides de l'univers l'eau et le temps..."(p. 95)

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Les 36 vues du mont Fuji d'Hokusaï © BNF

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La manga d'Hokusaï © BNF

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Mais comme F. Place est aussi illustrateur, il a pris soin d'imager son live par des oeuvres inspirées des estampes d'Hokusaï (que l'on peut admirer dans l'expositition virtuelle sur les estampes de la BNF), dont les fameux mangas et La vague, et des dessins illustrant les deux personnages principaux.

Shishi © François Place

Images détourée, titres de chapitres verticaux, doubles pages : les illustrations présentent une grande variété de formes et de thèmes nous donnant envie de découvrir aussi bien l'art japonais que les autres romans qu'il a illustrés... Le vieux fou de dessin est un très joli roman jeunesse qui présente un univers foisonnant et passionnant en peu de pages.

Capture d’écran 2021-04-04 220105Place François, Le vieux fou de dessin, folio junior, Barcelone, Janvier 2021, 105 p.

Participation à un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde

Sur le web : billet de Hilde

http://expositions.bnf.fr

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https://www.francois-place.fr/portfolio-item/le-vieux-fou-de-dessin/

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Les 36 vues du mont Fuji d'Hokusaï © BNF

 

18 juillet 2021

Les veuves de Malabar Hill de Sujata Massey : ISSN 2607-0006

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Qui est l'autrice ? " Sujata Massey est née en Angleterre de parents d'origine indienne et allemande. Avant de devenir romancière à plein temps, elle était journaliste de reportage au Baltimore Evening sun. Ses romans ont remporté les prix Agatha et Macavity et ont été finalistes des prix Edgar, Antony et Mary Higgins Clarks" (quatrième de couverture)

De quoi parle ce roman ? Le début du roman est difficile d'accès. Propulsée in medias res dans une histoire et un pays que je connais pas, j'ai dû m'habituer aux différentes ethnies, aux coutumes parsis, aux diverses langues... L'héroïne Perveen Mistry, jeune femme parsie, est la première avocate dans l'Inde des années 1921. Elle ne peut pas plaider mais elle a obtenu son diplôme en droit en allant faire ses études en Angleterre et elle travaille dans le cabinet de son père. Elle doit s'occuper de l'héritage de trois veuves qui sont des purdahnashins (ce sont de riches femmes vivant recluses dans des maisons) qui présentent des irrégularités : les  trois veuves décident de léguer leur fortune mais elles sont peut-être manipulées par le représentant de la famille comme le mari décédé, Mr Mukri. Lorsque Perveen décide d'aller sur les lieux, ce dernier est retrouvé mort. Entre-temps, Perveen va accueillir Alice, une amie anglaise et croit avoir aperçu Syrus, son ancien et dangereux mari...

Le roman alterne deux époques, les années 1916, où Parveen rencontre son futur mari et les années 1921 où elle mène son enquête. cela ralentit considérablement l'intrigue mais finalement, on en apprend davantage sur la religion parsie et sur cette communauté. En effet, ses beaux-parents sont très attachés aux coutumes, même barbares, et vont faire vivre un enfer à notre héroïne. L'auteur s'est d'ailleurs beaucoup documenté et a fait de nombreux voyages en Inde pour écrire son roman.

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Cordelia Sorajji, Twiter, The British Library

"A la scène comme à la ville, comme on dit, il nous reste encore à nous, les femmes, un long chemin à parcourir", déclare Perveen (p. 394). Tout en décrivant abondamment les repas indous, les occupations des femmes, la vie dans Bombay, la cohabitation avec les Anglais, Sujata Massey montre combien il est difficile d'être une femme dans l'Inde des années 1920. Le personnage principal, inspiré d'une véritable avocate Cornelia Sorabji, est intrépide mais entravée dans ses démarches par sa condition... 

Que de rebondissements (oui, il y a des enlèvements, d'autres tentatives de meurtres sans que cela ne devienne jamais sanglant,  et de l'humour) ! C'est une manière extraordinairement romanesque d'en savoir plus sur les Parsis et l'Inde du début du XXeme siècle !

Massey Sujata, Les veuves de Malabar Hill, Une aventure de Perveen Mistry, Charleston poche, 621 p.

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Etape indienne n° 4 : Lecture commune avec Kathel, Rachel, Hilde...

challenge Les étapes indiennes organisé par Hilde et Blandine.

Autres étapes :

Etape n° 4 "nos étapes communes" : Le tigre blanc d'Aravind Adiga

étapes indiennes n° 7 "films, série, animation" : Pagglait d'Umesh Bist

étape n°9 récits d'expatriés, de migrants, réfugiés : Aucune terre n'est la sienne de Parjuly

2 février 2022

Le stratagème du corbeau de Yoon Ha Lee : ISSS 2607-0006

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Que sont devenus le capitaine Kel Chéris et le traître Shuos Jedao après leurs combats narrés dans le premier tome Le gambit du renard de Yoon Ha-Lee ?  Le général Jedao a réussi à échapper à une mort certaine après le massacre de la forteresse des Aiguilles Diffuses. Le colonel Kel Brezan doit à tout prix l'arrêter. Mais pour quelles raisons ? Que fomentent les 6 hexarques ?

A nouveau les questions se multiplient dans ce nouvel opus. L'univers de space opera est toujours aussi dément, on se pose tout autant de questions que dans Le Gambit du renard, au fur et à mesure de la lecture. Cependant, dans Le stratagème du corbeau, les combats sanguinaires sont moins présents et font place à des intrigues politiques pas plus compréhensibles. Les moeurs de différents personnages et surtout leur corruption sont longuement dépeintes et dénoncés. On en apprend davantage sur leurs coutumes, leurs costumes, leurs langues même si l'ensemble reste flou et qu'on a bien de la peine à imaginer ce monde fictif.

Un incroyable retournement de situation nous attend vers le denier tiers du roman. Malheureusement, nous n'en saurons pas davantage car le troisième tome - Revenant gun - de la trilogie des machineries de l'empire n'a pas encore été traduit en français... et la traduction de ce dernier tome ne semble pas être prévu de sitôt...

Le stratagème du corbeau, Yoon Ha Lee, Folio SF, Barcelone, Février 2021, 509 p.

LC coréenne avec Rachel ici

3 mars 2022

Guidée par mon pinceau de Dulari Devi (texte de Gita Wolf) : ISSN 2607-0006

FMPB p32-33Dulari Devi, Guidée par mon pinceau

Qu'appelle-t-on la peinture mithilâ ?  Réalisée par des femmes, cette peinture orne les murs des maisons. C'est un art originaire de l'Etat du Bihar, dans l'est de l'Inde. On trouve des modèles d'animaux ou de dieux réalisés lors de cérémonie comme le mariage (Article d'Henriette DEMOULIN-BERNARD, « MITHILĀ ART DU », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 2 mars 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/art-du-mithila/.

C'est à travers cet art ancestral que Dulari Devi raconte son histoire. N'étant pas allée à l'école, elle travaille dur pour aider sa famille depuis son plus jeune âge. Elle travaille dans les champs de riz, accompagne son père au marché pour vendre les poissons qu'il a pêchés. 

Mais comment a-t-elle fini par réaliser les magnifiques illustrations qu'on peut admirer dans cet album ? Voici ce qu'elle décrit : "Un matin, alors que je longeais l'étang où des enfants s'éclaboussaient joyeusement, un phénomène étrange s'est produit. Dans ma tête, la scène s'est brusquement métamorphosée en tableau. Un tableau vivant rempli de formes et de couleurs, qui racontait une histoire. Toute la journée en repensant à mon tableau, je me suis sentie heureuse. Très heureuse."

Avec cette autobiographie illustrée, nous découvrons non seulement l'art d'une région de l'Inde mais aussi le parcours d'une jeune fille courageuse ! De très belles illustrations ! Coup de ♥ pour cet album !

Dulari Devi et texte de Gita Wolf, Guidée par mon pinceau, Syros, France, 2012.

Participation "Lecture jeunesse" au challenge Les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine . En ce qui concerne le bingo, je coche "art", "jeunesse".

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15 mars 2022

La faim du lion adapté par Gita Wolf et illustré par Indrapramit Roy : ISSN 26-0007

A quoi ressemble l'art warli ? Les illustrations de La faim du lion sont librement adaptées de l'art warli. Les peintures peuvent être dessinées sur des murs et représentent le quotidien ou des mythes.

Un lion affamé et naïf cherche de la nourriture. Sur son chemin, il rencontre Kuruvi le moineau, un cerf et un agneau plus futés que lui et qui vont le berner. Singam le lion apprendra qu'il est difficile de se nourrir et qu'il vaut mieux chasser soi-même ! Toute cette histoire est accompagnée par des sérigraphies dans le style de l'art warli.

On voit donc la fable qui se déroule sous nos yeux et des scènes de la vie quotidienne : Singam tente de prendre un train, va dans un marché... Les dessins sont très colorés et présentent souvent des formes géométriques pour représenter les hommes ou des motifs floraux. Une belle manière de découvrir l'art warli, art arborigène indien...

Wolf Gita, Indrapramit Roy, La faim du lion, Seuil jeunesse, 2003, Inde.

Lu aussi par Hilde

 Participation "Lecture jeunesse" au challenge Les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine . En ce qui concerne le bingo, je coche "art", "jeunesse".

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warli france infohttps://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/les-extraordinaires-dessins-des-aborigenes-indiens-warli-exposes-a-loudun_3393263.html

5 avril 2022

Japon, à pieds sous les volcans de Nicolas Jolivot : ISSN 2607-0006

Partons à la découverte du Japon guidé par Nicolas Jolivot : à pieds, dans la presqu'île de Kyushu, il s'est arrêté dans quelques villes pour croquer des scènes de la vie quotidienne et pour dessiner des paysages. Plantant sa tente dans la nature ou s'arrêtant dans des auberges de jeunesse ou des hôtels, il partage ses sentiments et ses impressions, qui semblent parfois hâtifs puisqu'il ne parle pas la langue du pays.

Quotidiennement (les écrits comportent une date comme dans un journal intime), dans ses carnets, on peut lire ses découvertes, les péripéties vécues et les coutumes des habitants à travers des dessins au format japonisant (mais à l'horizontal, avec une ouverture des pages vers le haut). Chaque page contient des illustration et des croquis, des cartes et des tampons... des instants saisis sur le vif et... les volcans stylisés à la manière des estampes.

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Que mange-t-il ? Combien de temps dure ses trajets ? Comment les gens se comportent avec lui ? Quel temps fait-il ? Nicolas Jolivot note avec précisions tous les éléments du voyage. Le carnettiste a placé de manière différente et originale tous ses dessins, ne laissant pas la monotonie s'installer. Les grandes parties de ce carnet de voyage ont pour titre des noms de villes et une carte nous permet de nous repérer dans ce joli Japon dessiné : ce carnet de voyage est une merveille !

https://no.wikipedia.org/wiki/Kyushu

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Jolivot, A pieds sous les volcans, Carnet de voyage, 2018, Hongfei, 88 p.

Participation au challenge Un mois au Japon organisé par Lou et Hilde

Mon bilan un mois au Japon

 

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Japon © Nicolas Jolivot

2 septembre 2019

Frida de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe : ISSN 2607-0006

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La couverture de Frida © Frida par Sébastien Perez et Benjamin Lacombe/Albin Michel

En cette rentrée littéraire 2019, Frida Kahlo est encore à l'honneur dans le roman Rien n'est noir de Claire Berest. En attendant de le découvrir, vous pouvez lire celui de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe, qui ont conçu un admirable livre thématique sur Frida Kahlo. On découvre ainsi neuf thèmes autour de la vie et de l'oeuvre de l'artiste mexicaine : L'accident, l'amour ( planche 1), la maternité, la mort... Les textes de Sébastien Perez, qui accompagnent les illustrations, ne sont pas factuelles mais poétiques : ce sont de courts paragraphes avec des jeux de typographie, et des citations de Frida Kahlo. Voici le texte qui accompagne, par exemple, le thème de la médecine :

"Il y a peu, [...] j'étais une petite fille qui marchait dans un monde de couleurs [...]. Tout n'était que mystère [...]. A présent, j'habite une planète douleureuse, transparente, comme de la glace, mais qui ne cache rien".

Je me destinais à étudier les corps et c'est finalement mon propre corps qui m'enseigne et orchestre ma vie. Peignant au rythme de mes douleurs, un dégradé de vert à rouge sang, je suis ce que je vis

" Dans la salive. Dans le papier. Dans l'éclipse. Dans toutes les lignes. Dans toutes les couleurs. Dans toutes les cruches. dans ma poitrine. Dehors. Dedans - dans l'encrier - Dans la peine à écrire. Dans la merveille de mes yeux - dans les dernières lignes du soleil ( le soleil n'a pas de lignes) - Dans tout c'est imbécile et magnifique".

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Planche 1 de "Frida", par Benjamin Lacombe et Sébastien Perez Crédits : Benjamin Lacombe / Sébastien Perez / Albin Michel Jeunesse

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Planche 2 de "Frida", par Benjamin Lacombe et Sébastien Perez Crédits : Benjamin Lacombe / Sébastien Perez / Albin Michel Jeunesse 

Benjamin Lacombe ne s'est pas contenté de faire de magnifiques illustrations aux couleurs chatoyantes : s'inspirant des tableaux de l'artiste mexicaine, il a créé des découpes. Voyez ci-dessus dans la planche 2 : on reconnaît d'abord L'autoportrait en robe de Tehuana mais si l'on soulève cette page, on découvre un autre autoportrait, celui des deux Frida qui recouvre le portrait de Diego Rivera.

Six pages finales rédigées par l'illustrateur contiennent ses intentions tout en étant un hommage à la complexité de l'art de cette femme peintre. Benjamin Lacombe explique ses choix et analyse "la symbolique fridienne". Voici ses explications pour Le cerf blessé (planche 3, p. 24) :

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Planche 3 de "Frida", par Benjamin Lacombe et Sébastien Perez Crédits : Benjamin Lacombe / Sébastien Perez / Albin Michel Jeunesse

" On peut s'interroger sur la pertinence de faire des citations si littérales à des oeuvres déjà existantes, mais je n'avais pas le choix. Il était impossible de toucher à un seul élément de la composition sans en briser le message. Dans Le cerf blessé, chaque élément a ne signification précise. Cette illustration fait référence à L'Enéide de Virgile et à l'histoire de la reine de carthage, Didon, errant dans la grande forêt au delà du Styx comme un cerf blessé, suite à la trahison de son amour par Enée. Mais plus encore que l'illustration de cette histoire classique, cette composition est une façon pour Frida de s'adresser à ses proches. Réalisé à la suite d'une énième opération vaine de sa colonne vertébrale, ce tableau a été offert à ses amis Lina et Arcady Boyler, accompagné d'un poème qui semblait clairement annoncer une tentative de suicide de Frida (ce qui arrivera finalement 8 ans plus tard). La branche morte du premier plan évoque la rupture, la souffrance et sans doute la mort prochaine. L'orage qui gronde en arrière-plan évoque les tourments de l'artiste. Néanmoins, la mer calme laisse présager l'espoir de jours plus heureux.

L'espoir de la renaissance, par la guérison ou par la mort, est appuyé ici par tous les éléments de la composition. La rangée de gauche, vers laquelle se dirige le cerf, est composée de neuf arbres, ce qui correspond au nombre de flèches fichées dans le corps de Frida, ainsi qu'au nombre de bois qui ornent fièrement sa tête. La symbolique du chiffre 9 est forte et plusieurs interprétations sont possibles : c'est la neuvième heure que le Christ a expiré sur croix, mais chez les Aztèques c'est aussi le nombre d'étapes qui conduisent à une éternité sereine. Le chiffre 9 est aussi le symbole de l'entier et du renouveau. Retirer ou changer le nombre d'arbres ou de flèches reviendrait à trahir la symbolique incluse dans ce tableau"

 Dans Frida, on peut admirer à la fois le style graphique reconnaissable de Benjamin Lacombe et l'art de Frida Kahlo. Cet album est une vraie merveille !

Perez Sébastien et Benjamin Lacombe, Frida, Albin Michel, novembre 2016, 76 p.

Autre album sur Frida Kahlo : Frida Kahlo de M. Hesse

Sur le web : site de Benjamin Lacombe,

Paso Doble. 2016. "Benjamin Lacombe : Frida Kahlo ne peignait pas ses rêves mais sa propre réalité". animée par T. Hakem.

"Une Frida Kahlo pour les enfants". France inter. 23 novembre 2016

17 avril 2021

Une vie au zoo, tomes 2, 3, 4 de Saku Yamaura : ISSN 2607-0006

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Une vie au zoo ©nobi nobi ! 2017 Yamaura

124151666Cette série courte (4 tomes) Une vie au zoo décrit le quotidien de Haruko, aussi bien son caractère que son métier. Le premier tome vous a plu ? Alors lancez-vous dans la suite de ses aventures.

L'héroïne doit affronter de nombreux problèmes (volume 2) : un louveteau est rejeté par sa mère. Haruko arrivera-t-elle à le sauver ? Un des singes est rejeté par les autres, la soigneuse doit-elle intervenir ? De nouvelles péripéties apparaissent dans le tome suivant (volume 3) : un journaliste veut écrire un papier qui risque de faire du tort au zoo, Haruko arrivera-t-elle à dissuader le journaliste de publier l'article ? Le directeur semble avoir changé d'opinion sur la nouvelle recrue puisqu'il la charge de transférer un tigre dans leur zoo, ce qui crée des dissensions entre les soigneurs, certains étant jaloux de l'importance d'Haruko et de ses succès auprès des animaux. Enfin, dans le dernier volume, une ultime péripétie met en péril l'exitence du zoo : les investisseurs veulent cesser de donner des fonds en raison d'une baisse de visiteurs. Pourront-il sauver le zoo ?

Même de manière simpliste et optimiste, la mangaka tente de nous faire réfléchir sur les fonctions des zoos. Les gens viennent visiter le zoo pour se divertir, quant au directeur, il cherche à le rentabiliser. Certes, Haruko est candide, appelée "la godiche irresponsable" par les autres soigneurs mais les animaux sont dessinés de manière réaliste. Et le zoo prend vie sous nos yeux comme dans un documentaire. Haruko, qui comprend mieux les animaux que les humains, porte un regard émerveillé et sensible sur ces bêtes : " Je veux que les visiteurs apprennent à connaître nos pensionnaires. Ca premettra de changer les mentalités petit à petit". On trouve aussi des passages didactiques : " je ne savais pas que les manchots étaient menacés d'extinction. Je me demande combien de gens sont au courant...". "Oui, j'espère que notre zoo contribuera à sensibiliser le public à ce genre de problèmes" (p. 173, volume 2, planche 1).

La mangaka, qui s'est beaucoup documenté, comme l'indique la bibliographie en fin de chaque ouvrage, qui a effecté ses études préparatoires dans le zoo d'Utsunomiya et qui s'est entraîné à dessiner toutes sortes d'animaux, a parfaitement atteint son objectif, celui de nous faire dévoiler la vie d'un zoo et des soigneurs. N'hésitez pas à découvrir cette série !

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Pl. 1 : Une vie au zoo ©nobi nobi ! 2017 Yamaura

logo Japon 2021Yamaura Saku, Une vie au zoo, tomes 2, 3, 4 ( 4 volumes, série terminée), Nobi nobi

Autres volumes :  Une vie au zoo, tome 1

Participation au challenge Un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde : un livre des éditions Nobi Nobi

27 octobre 2020

Dracula de Murnau à Moffat : ISSN 2607-0006

Dracula est certainement la créature qui a le plus fasciné les réalisateurs comme le rappelle ce récapitulatif dans l'émission Blow up.

 

La création de Bram Stoker est adaptée dès les débuts du cinéma avec le Nosferatu de Murnau. Le réalisateur allemand, n'ayant pas

838_nosferatu_le_vampire_1922_de_friedrich_wilhelm_murnau_c_friedrich_wilhelm_murnau_stiftung_les droits du roman, a d'ailleurs changé sensiblement l'histoire mais l'a génialement mis en scène. Musique et cadrages inventifs créent une atmosphère surnaturelle renforcée par l'esthétique expressionniste avec ses jeux d'ombre. Même sans parole, le Dracula de Murnau paraît terrifiant et puissant, que ce soit dans son sinistre château ou dans la ville de Brême. 

C'est certainement le film où Dracula semble le mieux incarner le mal, sans nuance, apportant la peste dans la ville de Brême. Son apparence y est bestial, lié aux germes de la peste qu'on peut voir dans une scène centrale.

Murnau, Nosferatu, 1922

 

Quant au film de Coppola, il est tout aussi esthétique. Visuellement somptueux, cette très belle adaptation baroque commence par un théâtre d'ombres et se poursuit par l'histoire de Dracula telle que la raconte Bram Stoker. Le réalisateur est resté fidèle au roman de l'auteur anglais. Cependant, il y a ajouté une histoire d'amour tragique, par delà le temps entre Dracula et Mina.

Certes, les acteurs surjouent (comme Van Helsing riant aux éclats comme un possédé) créant des scènes à la limite du grotesques (avec un vampire avec la perrruque la plus improbable qu'on puisse voir) mais Coppola a su faire des transitions incroyables, des surimpressions, des jeux d'ombres extraordinaires. Ce n'est pas pour rien que le film a eu une kyrielle de prix récompensant les costumes, le maquillage, les décors... S'inspirant du film de Murnau et de l'expressionnisme, il a réussi à immortaliser notre fameux vampire en le métamorphosant en personnage de "romantisme noir".

Dracula, Coppola, 1993, 2h35, Keanu Reeves, Winona Ryder, Gary Oldman

dark-shadows-mephistophelesLes vampires semblent un sujet inventé pour Tim Burton. Cette créature sinistre convient parfaitement à l'esthétique gothique du réalisateur de Sleepy Hollow.

Que ferait un vampire dans le monde moderne du XXeme siècle ? Barnabas, vampire enterré par Angélique, une amoureuse éconduite, permet à Burton d'exploiter une veine parodique en jouant du décalage entre le personnage issu du XVIIIeme siècle et les années 1970. Cela donne une scène amusante dans laquelle notre vampire découvre le vrai visage de Méphistophélès (photogramme) mais pas davantage. Le réalisateur a su créer un sinistre décor mais ce n'est pas le meilleur film de Burton, ni de Johnny Depp qui cabotine allègrement.

Dark Shadows, Burton, 2012, Johnny Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, 1h52

 A force de vouloir renouveler les codes et les topoï, Moffat n'a pas réussi à nous captiver avec sa mini série de 3 épisodes diffusée sur Netflix. Et sans rapport les unes avec les autres. Le premier épisode est sans doute celui qui se rapproche le plus de la légende. Harker arrive dans le château du comte et y découvre le vampire. Ensuite, la traversée en bateau vers l'Angleterre se transforme en whodonit : les marins cherchent à trouver le coupable d'horribles meurtres. Quant au dénouement, le vampire est confronté à la modernité.

Quelques inventions, comme le renouvellement de la figure de Van Helsing, la réflexion sur le mythe du vampire lui-même, ne réussissent pas à dépoussiérer le monstre peu convaincant dans cette version et des dialogues insipides... Une adaptation ennuyeuse et décevante.

Gageons toutefois que le mythe n'est pas encore enterré...

Dracula, Moffat, 2020, Netflix, 3 épisodes, avec Claes Bang, Dolly Wells, Olivia Klein.

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Challenge Halloween organisé par Hilde et Lou.

11 octobre 2020

Le tigre des neiges, volume 2 d'Akiko Higashimura : ISSN : 2607-0006

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Le tigre des neiges, volume 2 © Akiko HIGASHIMURA

 Si le prermier volume du Tigre des neiges vous a séduit, vous avez peut-être eu envie de continuer cette série historique. Dans le deuxième opus, Torachiyo - qui sera appelé plus tard Kenshin - a bien grandi mais son père meurt et laisse sa région dans une situation troublée. Le frère de Kenshin n'ayant pas le goût pour l'art de la guerre, un autre seigneur Saneyori décide de prendre comme seigneur Torachiyo dans son château. Parallèlement à l'histoire de la jeune fille, on en apprend davantage sur Harunobu du clan rival Takeda.

La mangaka fait clairement une hagiographie de Kenshin. Elle dit dans les bonus qu'elle possède "la classe intersidérale" (p. 218). Elle attribue à la jeune fille toutes les qualités guerrières (monter à cheval, tirer à l'arc, dessiner) et en fait un génie militaire. Cette dernière gagne sa première bataille, à 15 ans, en faisant preuve de courage et en utilisant des stratégies lues dans des livres. La mangaka ajoute aussi une pause historique autour de la cérémonie du Genkupu, rituel du passage à l'âge adulte des garçons (même si Torashiyo est une femme selon la thèse de la mangaka). Elle continue aussi à narrer des anecdotes prouvant que le général Kenshin était une femme...

yukibana-no-tora-visual-2Les arrières-plans sont toujours aussi peu travaillées mais elle ajoute souvent de magnifiques ornements floraux autour de la jeune héroïne. La simplicité du trait du dessin et les cases dépouillées n'enlèvent rien au charme des planches. On a hâte de connaître la suite du destin de Kenshin...

Illlustration couleur Le tigre des neiges, volume 2 © Akiko HIGASHIMURA

Higashimura, Le tigre des neiges, volume 2 (8 volumes en cours), Le lézard noir, France, janvier 2019, 218 p.

Le tigre des neiges vol. 1

29 avril 2021

soirée pop-corn # 7 Les 47 rônins de Carl Rinsch : ISSN 2607-0006

Les-47-RoninsInspirée de faits réels devenus légendaires, réécrit par Jirô Osaragi, l'histoire des 47 rônins raconte la vengeance de samouaïs ayant perdu leur maître. En effet, ce dernier, Asano, a été piégé par un rival Kira et une sorcière. A cela s'ajoute une romance sentimentale entre un métisse ( Keanu Reeves) nommé Kaï et la fille d'Asano, Mika. C'est donc une histoire d'honneur, d'amour et de vengeance que donne à voir Les 47 rônins.

Carl Rinsch s'empare donc du mythe et le transforme en film d'actions épico-sentimentalo-fantastique. La geste des rônins est ainsi métamorphosée en gigantesque blockbuster. Pourtant, le film arrive à intéresser grâce à de superbes paysages, une photographie très belle. De nombreux plans sont splendides. Le réalisateur a aussi rajouté une dimension fantastique très attrayante : on voit évoluer, dans cet univers féodal, des divinités, comme les tengus ou une sorcière capable de métamorphoses. Le long-métrage commence d'ailleurs par la chasse d'un monstre particulièrement spectaculaire.

Ces scènes fantastiques alternent avec une histoire d'amour, montrée de manière assez ridicule, pleine de poncifs. De manière générale, les personnages sont malheureusement peu fouillés et extrêmement maniquéens. Heureusement, le rythme est rapide et les batailles pour venger leur maître s'enchaînent. C'est très hollywoodien, parfois mièvre mais très esthétique :  Les 47 rônins est parfait pour une soirée pop-corn...

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47 Ronin, de Carl Rinsch © Universal Pictures Germany

logo Japon 2021Les 47 rônins, Carl Rinsch, 119 min, avril 2014, avec Keanu Reeves, Rinko Kikuchi, Netflix

Participation Un mois au Japon organisé par Lou et Hilde : film japonais

 Participation avec Missycornish aux soirées pop-corn (son billet ici)

 

23 juin 2021

Sarrasine de Balzac : ISSN 2607-0006

Sarrasine"Sarrasine" brasse plusieurs sujets et genres à la mode dans les années 1830 et les obsessions balzaciennes. Divisé en deux parties, cette nouvelle balzacienne nous conte l'histoire de la famille de Lanty dont l'immense fortune fait jaser tout Paris : "Là les écus même tachés de sang ou de boue ne trahissent rien et représentent tout" (p. 39). Comme dans "L'auberge rouge", on s'intéresse à l'origine de cette fortune dans cette époque troublée des années 1830.

Pourtant tout l'incipit est bien mystérieux, à la limite du fantastique. Balzac multiplie les références aux mille une nuits, à Anne Radcliffe et à Hoffman pour dresser le portrait de cette étrange famille dont tous les membres possèdent une beauté surnaturelle. Le narrateur épie les Lanty, notamment l'apparition d'un vieillard bizarre. La femme qu'il souhaite séduire lui demande alors l'histoire de cet étrange homme.

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Endymion de Girodet

Commence alors une deuxième partie tournée vers la création artistique et le personnage de Sarrasine. Alors débute une histoire autour de la sculpture et se situant en Italie : le jeune artiste trouvera-t-il l'idéal ?

Comme beaucoup d'artistes balzaciens, et contrairement à Pierre Grassou le tacheron, la folie amoureuse et artistique va s'emparer de Sarrasine. Quel texte mystérieux ! Quelle chute ! Que de surprises ! Si vous lisez la nouvelle, vous déouvrirez les nombreuses péripéties excessivement extravagantes de la courte vie du sculpteur et vous verrez le lien entre Sarrasine et les Lanty... Et l'origine de la fortune des Lanty ? Finirez-vous par la connaître ?

Balzac, comme dans le reste de La comédie humaine, parle de mystérieuses fortunes, d'artistes, de passions amoureuses et malheureuses, de la création artistique et évidemment des moeurs parisiennes...

Balzac, Sarrasine. Gambara. Massimilla Doni, Folio classique, 16 juin 2000, France, 35-78 p.

LC avec Rachel et Claudia. Pour la prochaine LC, nous lirons Gambara pour le 25 juillet.

La comédie humaine (catalogue et organisation établis par Balzac):

biographie de Balzac : Honoré et moi, Titiou Lecoq

 Scène de la vie privée : La maison du chat-qui-pelote,"Le bal de Sceaux", La bourse, Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, La fausse maîtresse, "La femme abandonnée", Gobseck, Le père Goriot, Le colonel Chabert

Scène de la vie de province : Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, " Pierrette", Le curé de Tours, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

Scène de la vie parisienne : Ferragus, La duchesse de Langeais, La fille aux yeux d'or, La maison Nucingen,Fascino cane, Sarrasine, "Pierre Grassou", La cousine Bette,

scène de la vie politique :

scène de la vie militaire :

Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

Etude philosophique : La peau de Chagrin, Jésus-Christ en FlandreMelmoth réconcilié, Le chef d'oeuvre inconnu, "Adieu",Un drame au bord de la mer, Maître Cornélius, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie, Louis Lambert, Les proscrits,

 

13 juillet 2021

La petite fille qui cueillait des histoires de Soojung Myung : ISSN 2607-0006

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"Bonjour le monde ! Regardez,  ma jupe tourne comme tourne la terre... mais qu'a-t-elle d'autres à m'apporter ?" Ainsi commence l'histoire de cette petite fille  imaginée par Soojung Myung qui va rencontrer divers animaux ou insectes.

Sur chaque double page, on découvre des héroïnes de la littérature du monde entier. Sur de gigantesques fleurs ou végétaux figurent des personnages ou de petites scènes qui sont des clins d'oeil à des oeuvres littéraires récentes ou pas. Saurez-vous les retrouver ?

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© Soojung Myung

Et que dire des illustrations de Soojung Myung, autrice et illustratrice coréenne ? Cette couverture où domine le rouge, n'est-elle pas superbe ? Les dessins semblent enfantins mais ils comportent tout un monde foisonnant. Je n'ai pas réussi à trouver tous les titres, certains étant méconnus.

Une jolie manière ludique d'évoquer des oeuvres du monde entier ! Merci Kiona pour les conseils de lecture d'albums coréens ( "Petites pépites de la littérature de jeunesse coréenne") !

Myung Soojung, La petite fille qui cueillait des histoires, éditions l'élan vert,  2020.

30 septembre 2021

Maintenant que j'ai 50 ans de Bulbul Sharma : ISSN 2607-0006

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"Ca n'a rien de drôle. La vieillesse n'est pas un sujet de plaisanterie. C'est une chose terrifiante, et Malti ne parvient pas à sy résoudre. Elle préfère encore mourir que de devenir une de ces grosses et vieilles dames au visage bouffi et aux cheveux blancs" (p. 214) : dans "phobie de la cinquantaine, nouvelle extraite de Maintenant que j'ai 50 ans de Bulbul Sharma, Malti est une quinquagénaire qui a peur de vieillir. Elle enchaîne les régimes, les séances de yoga, de gym, le coiffeur. Elle lutte contre le soleil, le manque de sommeil, les kilos... Mais est-ce là ce qui est important ?

"C'est dangereux de rester seule. Une femme doit passer de la maison de son père à celle de son mari, puis à celle de son fils. Alors trouve-toi vite un mari, ma fille. N'importe quel mari fera l'affaire tant qu'il est vivant et qu'il appartient à notre caste, répétait souvent sa grand-mère en lui pinçant les joues" (p. 175). Meera a elle aussi 50 ans. Elle ne s'est pas mariée et a bon emploi. Sa mère ne cesse de prier pour que sa fille se marie. Lorsque Meera pense enfin avoir échappé aux présentations officielles en raison de son âge, surgit un jour un médecin... célibataire... "Donnez-le nous... Oh ma déesse... donnez-le nous", ne cesse de prier sa mère !

D'autres voix de femmes se font entendre, parfois de manière originale, en alternant avec la voix de l'époux ("La liberté à cinquante ans") ou à travers l'histoire d'une vieille robe de chambre ("La robe de chambre en velours rose), on suit le destin de plusieurs générations de femmes par exemple. Chaque destin de femme diffère de celui des autres selon sa caste et son entourage mais on remarque combien le poids des traditions est très pesant. Ces femmes vont-elles se libérer à la mort de leur mari ? Se contentent-elles de vivre sans rien changer ? Leur quotidien fait surgir une image de la condition féminine reposant sur les castes, l'isolement des femmes, leur dépendance face à leur famille, leur rôle de femme au foyer...

Ces tranches de vie, sans rapport les unes aux autres, sont écrites dans un style fluide. La grande maîtrise du monologue intérieur, du point de vue interne rendent ces portraits vivants et variés. Maintenant que j'ai 50 ans de Bubul Sharma brosse une très belle de série de destins féminins et nous donne envie de découvrir davantage la plume de cette romancière.

Présentation de l'auteur (la quatrième de couverture) : " Née en 1952, elle a hérité dans son enfance de ce surnom de Bulbul, qui désigne un joyeux passereau très répandu en Inde. Ecrivain et peintre, Bulbul Sharma habite Delhi où elle travaille comme professeur d'arts plastiques avec des enfants handicapés. Elle écrit des romans aux arômes sensuels d'épides et de nourriture, et compose en peintre des livres sur les arbres et les oiseaux".

Capture d’écran 2021-09-30 192733Bulbul Sharma, Maintenant que j'ai 50 ans, Editions Picquier, France, août 2013, 221 p.

Participation aux étapes indiennes n° 4 organisées par Blandine et Hilde : LC lire un roman des éditions Picquier : Sharma Bulbul, Maintenant que j'ai 50 ans.

Etape n° 3 : Découverte de l'Inde par une nouvelle "Aucune terre n'est la sienne", Prajwal Parjuly

Etape n° 4 "nos étapes communes" : Le tigre blanc d'Aravind Adiga, La huitième reine de Bina Shah, Les veuves de Malabar Hill de Sujata Massey, LEs incroyables aventures des soeurs Shergill de Balli Kar Jaswal

Etape n° 6 Jeunesse indienne : Hanuman super singe de Véronique Massenot et Fabrice Leoszewski

Etape n° 7 films, série, animation : Le tigre blanc de Ramin Bahrani, Pagglait d'Umesh Bist

Etape n°9 récits d'expatriés, de migrants, réfugiés : Aucune terre n'est la sienne de Parjuly

Etape 16 pour rire : Les vacances de Jésus et Bouddha, tome 1, Hikaru Nakamura.

Autres étapes dans le cadre de notre voyage : Le Pakistan : La huitième reine, Bina Shah

13 octobre 2021

Black cat Nero d'Ateez : ISSN 2607-0006

Black cat nero d'Ateez

Pour en savoir plus sur la Kpop, vous pouvez lire l'article "Comment la Corée du sud a imposé la K-pop au monde" de Benjamin Pierret

 

bingoparticipation au challenge Halloween 2021 organisé par Lou et Hilde.

The haunted Reading Bingo du challenge Halloween :

Cimetière : Black cat nero d'Ateez

Ecran : Ghoul de Patrick Graham

26 mai 2021

Le tigre blanc d'Aravind Adiga/adaptation de Ramin Bahrani : ISSN 2607-0006

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Aravind Adiga décrit l'Inde contemporaine dans Le tigre blanc, premier roman, publié en 2008, de cet auteur journaliste, dans une forme tout aussi actuelle et originale : la satire de l'Inde se fait à travers l'envoi de mails d'un entrepreneur Balram au premier ministre de la Chine, qui doit venir à Bangalore, en Inde. C'est le contenu des mails, écrits en 7 nuits qui forment 7 chapitres, que nous lisons dans lesquels nous pouvons découvrir une description de toute la société indienne, étant donné que le personnage principal a traversé plusieurs états avant de devenir un homme riche.

On apprend d'emblée que Balram est recherché pour meurtre. C'est à partir de l'avis de recherche qu'il dresse son portrait et se remémore ses années de misères, les différents métiers qu'il a exercés. Pourquoi est-il un meurtrier ? Quels sont les mobiles de son crime ? Voici ce qu'il révèle dans ses lettres tout en décrivant une société divisée en deux castes : basse ou haute. Le souvenir du père, mort dans le dénuement le plus complet, le hante tout comme la vision de pauvres dormant dans les rues...

Balram se désigne par le surnom de "tigre blanc", animal rare. En effet, il a reçu un peu d'instruction, se distinguant des membres de sa famille. Tout au long du roman, est filé cette métaphore : il y a ceux qui sont comme des poules, serviles, vivant enfermés dans des cages et puis les autres. Il détaille longuement la relation qu'il entretenait avec ses maîtres. Voici un des passages illustrant  la vie de nombreux indiens :"Ici une poignée d'hommes a entraîné les 99,9% restants - forts, talentueux et intelligents dans tous les domaines - à vivre dans une servitude perpétuelle, une servitude si forte que, si vous mettez la clé de son émancipation dans la main de quelqu'un, il vous la jettera à la figure en vous maudissant" (p. 178).

Evidemment, avec son cynisme, son intelligence et son sens de l'observation, Balram réussit à sortir des "Ténèbres", d'une vie misérable, échappant au destin de son père. Mais à quel prix ? C'est avec cynisme qu'il raconte son parcours tout en décrivant une société inégalitaire, corrompue.

En 2021, Ramin Bahrani adapte ce best-seller pour Netflix. Cette adaptation est assez fidèle dans les grandes lignes en montrant comment Balram arrive à échapper de sa servitude, à sortir des "ténèbres, en usant de tous les moyens. Avec une voix off pour dire les mails envoyés et les retours en arrière, le roman semble entièrement respecté.

Cependant, le personnage principal paraît beaucoup plus sympathique que dans le roman. Dans le livre, il apparaît dès son plus jeune âge comme un enfant arriviste alors que, dans le film, il attire davantage la sympathie du spectateur en montrant davantage de scrupule.

Filmé de manière très classique, sans cadrage révolutionnaire, Bahrani parvient à bien montrer l'Inde telle qu'elle est décrite dans le roman d'Aravind Adiga, entre pauvreté et opulence, honnêté des serviteurs et corruption des politiques. Ce long-métrage était d'ailleurs nominé pour la catégorie "meilleur scénario adapté" aux oscars. Si le film est très classique, le livre mérite vraiment d'être lu.

Logo tigre blancAdiga, Le tigre blanc, 10/18, France, avril 2010, 316 p.

Le tigre blanc de Ramin Bahrani, 2021, Netflix, avec Adarsh Gourav, Priyanka Chopra Jonas, Rajkummar Rao; 2h07

Participation aux étapes indiennes n° 4 "nos étapes communes" organisées par Blandine et par Hilde. LC avec Rachel.

Sur le web : Billet de A girl from earth, Katell Hilde

 

"Le Tigre blanc", Rastignac à l'indienne
Le roman doit être très bon, captivant. En Inde, il a obtenu le prix Booker, récompense littéraire de prestige. Publié en 2008 et signé Aravind Adiga, le Tigre blanc est à l'origine un best-seller.
https://www.liberation.fr
1 juillet 2021

Tsubame d'Aki Shimazaki : ISSN 2607-0006

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De quoi parle le troisième opus du poids des secrets ? Il est encore question d'enfance solitaire, des orgines à cacher, d'ntolérance... et de Mariko, la mère de Yukio. Comme dans les précédents opus, l'autrice a mêlé un drame familial et l'histoire du Japon.

L'histoire débute vers les années 1923. Mariko a 12 ans et sa mère est une expatriée coréenne. A cette époque, un terrible tremblement de terre, appelé le Kanto-daïshinsaï fait de nombreuses victimes. La mère de Mariko laisse sa fille dans un orphelinat catholique avec un prêtre étranger, qu'on surnomme "Tsubame" ("l'hirondelle"). Elle, qui était professeure, est devenue femme de ménage. Elle a fui les dures conditions de vie de son pays, La corée, envahi par les Japonais depuis 1909 et où les activistes sont pourchassés. Lors de ce tremblement de terre, des Coréens sont massacrés. Vous en saurez plus en lisant l'histoire de la mère de Mariko ou l'article de Yoshino, lien présent sur le site de Hilde.

C'est incroyable ! En peu de mots, avec beaucoup de simplicité, A. Shimazaki arrive à restituer l'atmosphère de l'époque, les sentiments complexes de personnages, à nous faire comprendre les enjeux politiques et historiques facilement... Vous pensez que j'en ai trop dit ? Non, il y a un secret que je n'ai pas encore évoqué... N'hésitez pas à plonger dans la saga passionnante de cette famille  pris dans la tourmente de l'histoire.

Inutile de préciser que cette série est un coup de coeur et que je vais m'empresser de lire le quatrième opus : Wasurenagusa.♥♥♥

Shimazaki Aki, Tsubame, Babel, France, 2007, 116 p.

La pentalogie Le poids des secrets : Tsubaki, Hamaguri, Tsubame

Sur le web : billet de Hilde

L'affaire du massacre des Coréens - Persée

L'AFFAIRE DU MASSACRE DES CORÉENS YOSHINO Sakuzô Le 1er octobre 1910, la Corée perd son indépendance et devient la principale colonie de ce qui formera, jusqu'en 1945, l'empire japonais. Elle est placée sous l'autorité d'un Résident général qui l'administre au nom de l'Empereur dont il dépend directement.

https://www.persee.fr

 

14 février 2022

Sillage, tome 3, Engrenage : ISSN 2607-0006

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Qu'est-ce que ce "Sillage" ? Ce terme désigne un ensemble de vaisseaux spaciaux dans lesquels vivent plusieurs espèces aliens et une humaine, Nävis. Cette bande-dessinée Sillage du scénariste Jean-David Morvan et du coloriste Buchet est donc un space-opéra.

Mais le tome 3, "Engrenage", se situe sur une planète en pleine ère industrielle, rempli d'écrous, de hauts-de-forme et de vapeur chers aux vaporistes. Regardez aussi Nävis, déguisée pour sa mission, sur la couverture : lunettes d'aviateur, veste cintrée et sacoches en cuir tellement steampunks !

La jeune fille doit aller sur une planète habitée par des puntas, race autchotone et par des êtres ressemblant à des humains. Nävis espère y trouver des réponses sur ses origines, étant la seule humaine sur Sillage. Elle doit, en outre, découvrir ce que trame les gens de cette planète dans une sorte de forteresse cachée sous la glace. La constituante de Sillage craint qu'une arme secrète y soit dissimulée. La jeune fille atterrit sur cette planète au moment d'une émeute : le peuple se révolte contre le haut-pair car de nombreux intellectuels disparaissent. Que deviennent-ils ? Que cachent les dirigeants ? 

Tout en remplissant sa mission, Nävis se révolte contre la condition réservée aux puntas vivant en marge de la société, dans des décharges. Indignée, elle veut leur venir en aide. Ce n'est pas la seule critique que l'on peut découvrir dans ce tome. Nävis voit clair dans le jeu de la constituante de Sillage, qui ne colonise que les planètes exploitables...

Extrêmement coloré, avec un graphisme impeccable, cet opus alterne entre l'univers de science-fiction dans lequel évolue désormais notre héroïne, entourée d'humanoïdes, d'extra-terrestes et le monde des puntas dans un style très XIXeme siècle : il est question de "héros romantique" et certaines images font penser à l'esthétique de Delacroix, à l'univers des Misérables de Victor Hugo...

Révolution, actions, belles cités indutrielles, Nävis arrive à nous embarquer tout de suite dans ses aventures !

 

bingo à vapeurSillage, tome 3, Morvan et Buchet, Delcourt, Belgique, 2000, 54 p.

PArticipation "Lutte des classes" au bingo à vapeur de Miss Chatterton

 

 

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7 avril 2022

senses 1 à 6 de Hamaguchi : ISSN 2607-0006

Avant d'être scésarisé pour Drive my car en mars 2022, Hamaguchi avait réalisé de superbes films comme Asako I et II, Senses 1 à 6 et son dernier film Les contes du hasard sort le 6 avril 2022 sur grand écran. Ses longs-métrages semblent interroger les relations conjugales et plus globalement, ce qu'il se cache derrière les apparences dans la société japonaise, avec toujours la présence d'un personnage d'artiste...

Dans Senses 1 à 6, trois films se succèdent pour décrire l'amitié de 4 femmes aux caractères très différents. Dans la première partie de deux heures, nos quatre amis décident d'organiser un petit voyage. Elles se rencontrent à nouveau lors d'une résidence d'artistes. Là, Jun, déclare qu'elle est en plein divorce car son mari, un scientifique, ne l'a jamais écouté. Soudain, elle disparaît... pour s'éloigner de son mari alors qu'elle est enceinte.

Au fil des films, on voit chacune des femmes évoluer : l'une, femme au foyer, s'interroge sur les sentiments de son époux, l'autre découvre que son mari la trompe avec une jeune romancière, et enfin la dernière, divorcée et célibataire, tombe sous le charme d'un artiste. Leurs relations entre elles changent aussi.

Plus de 6 heures de film, cela peut paraître long. Et pourtant, on ne se lasse pas de la beauté formelle des plans choisis par Hamagushi. Ce dernier rend presque théâtral ses films avec ses personnages figés, parfois avec des scènes sans dialogue, à l'inverse d'un Michaël Bay. La caméra s'attarde sur les personnages, de longs moments silencieux cherchent à capter les émotions et les sentiments des personnages... Un très beau film "en série" ! Une expérience à tenter !

logo 2 japon 2022Senses 1 à 6, Hamagushi, 135 min, 83 min, 73 min, 2021

vu par Dasola

Participation à un mois au Japon organisé par lou et Hilde

 

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Hamagushi, Senses 1, 2, 3, 4, 5, 6

29 octobre 2020

Dans l'abîme du temps de Gou Tanabe : ISSN 2607-0006

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L'univers lovecraftien est décliné en jeu vidéo (L'appel de Cthulhu), en film, en romans (Cochrane vs Cthulhu de G. Villaroël, en mangas (Les montagnes hallucinées Gou Tanabe) et influence des séries comme Lovecraft country créé par Misha Green. 

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Pl. p. 100 « Dans l'abîme du temps ». © GOU TANABE

Dans l'abîme du temps prend place à côté des Montagnes hallucinées dans la collection "les chefs-d'oeuvre" de Lovecraft. Ce manga, aux cases sagement alignés, arrive entièrement et complètement à nous plonger dans le "fantastique cosmique" de l'auteur américain. Comme nombres de ses nouvelles, ce manga nous fait découvrir la vie d'un universitaire en économie politique qui devient amnésique. Il a, pendant toute cette période, adopté un comportement étrange en explorant les quatre coins du globe. Que cache ce comportement ? Pourquoi est-il en proie à d'affreux cauchemars peuplés d'immondes créatures ? 

Vous aurez certainement reconnu les thématiques fétiches que déploient habituellement Lovecraft comme le peuple des Grands Anciens, la découverte de créatures extraordinaires, le dédoublement de la personnalité... Les dessins, ressemblant aux BD européennes, arrivent totalement à suggérer l'horreur à travers les visages des personnages (planche ci-dessous p. 36), la folie du personnage et Gou Tanabe a su dessiner parfaitement les monstres lovecraftiens et des décors grandioses (planche p. 100,  ci-dessus).

Il faut aussi mentionner, dans les qualités de ce manga, l'édition très soignée : une introduction succinct avec des citations de Lovecraft, une jaquette imitation cuir, des pages couleurs, un grand format. Une excellente adaptation !

Gou Tanabe, Dans l'abîme du temps, Kioon, 2018.

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Pl. 36 « Dans l'abîme du temps ». © GOU TANABE

de l'auteur : Par-delà les murs du sommeil

Sur le web : billet Dans l'abîme du temps et Lovecraft country de Rachel

Croquet Pauline, Leloup Damien, "La grande histoire d'amour de la France avec l'horrible Cthulhu", Le monde, mis en ligne le 30 octobre 2018. URL : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/30/la-grande-histoire-d-amour-de-la-france-avec-l-horrible-cthulhu_5376452_4408996.html

127581987_oMonasterolo Bernard, "Les montagnes hallucinées, adaptation risquée et réussie de Lovecraft en manga", Le monde, mis en ligne le 15 octobre 2018. URL : https://www.lemonde.fr/les-enfants-akira/article/2018/10/15/les-montagnes-hallucinees-adaptation-risquee-et-reussie-de-lovecraft-en-manga_5369585_5191101.html

 Participation au challenge Halloween organisé par Lou et Hilde

 

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