Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

1001 classiques

28 mars 2019

Sept yeux de chats de Choi Jae-hoon : ISSN 2607-0006

51qzg3EFLrL

http://www.editions-picquier.com/ouvrage/sept-yeux-de-chats/

Auteur coréen, Choi Jae-Hoon a publié un recueil de nouvelles Le baron du comte Curval en 2010 et Sept yeux du chat en 2012. Vous ne connaissez pas cet auteur ? N'hésitez pas à lire son roman ! 

Tout commence comme Les dix petits nègres coréens : 7 personnes sont réunis dans un chalet, ayant été invités par le Diable, qui tient un site web sur les tueurs en série. Leur hôte est absent et une tempête de neige les empêchent de quitter les lieux. Que faire ? Après une première nuit passée ensemble, un des hommes est retrouvé mort. Qui est le coupable ? Vous pensez que c'est un whodunit classique, mais il n'en est rien : " - Le jeu... a commencé" (p.33). A la fin de la première nouvelle ou chapitre " sixième rêve", commence un chapitre "Equation d'une vengeance" où nous comprenons que la première histoire est en réalité une pièce. Vraiment ? Mais c'est aussi l'histoire que traduit un certain M dans le troisième chapitre, intitulé "Pi". Le dernier chapitre "Les sept yeux de chats", parle du destin du livre qui a disparu... Mais ceci n'est pas un bon résumé. Dans chaque nouvelle, nous retrouvons des éléments similaires mais agencés de manière différente.

"Le nombre Pi se prolonge à l'infini sans qu'aucune de ses décimales ne se répète." (p. 324)

L'auteur nous invite dans un roman labyrinthique où les mêmes motifs et les mêmes personnages sont repris de manière vertigineuse et où on ne sait jamais quelle est la bonne version de l'histoire. Le narrateur est-il un fou enfermé dans une mine qui se raconte des histoires pour ne pas mourir ou est-il un traducteur qui change l'histoire des romans qu'on lui demande de traduire ? Tout en voulant créer le roman à suspense parfait ( p. 324), l'auteur coréen réfléchit sur la littérature, les pouvoirs de la fiction et notamment sur les sources de la création et de l'inspiration. Les personnages de fiction peuvent prendre vie et les références - Alice aux pays des merveilles, La jeune fille et la mort de Munch, Le baiser de Klimt - montrent talentueusement un jeu sur la fiction, la mort et le réel :  "Quelle différence entre la réalité et le fantasme du moment qu'on survit ? (p. 247). Le lecteur peut essayer de trouver la vérité, peut jouer et imaginer trouver la solution. Oui, c'est bien le roman à suspense parfait !

Jae-Hoon Choi, Sept yeux de chats, Espagne, Edition Phillippe Picquier, 2014.

Sur le web : A girl from earth, Niki,

Publicité
25 mars 2019

Ave César ! des Cohen : ISSN 2607-0006

AVE CÉSAR Bande Annonce VF (2016)

Après la parodie de film d'espionnage dans Burn after reading, les frères Cohen s'attaquent au film noir et plus globalement aux films hollywoodiens des années 50 : Eddie Mannix dirige les studios Capitole à Los Angeles et gère les problèmes de la vie personnelle des stars, de choix de casting... et d'enlèvement d'acteurs.

"L'usine à rêve" : ces deux mots antonymiques subsument l'univers des films hollywoodiens. Ave César ! n'est pas une simple parodie mais les mises en abyme permettent de montrer comment sont tournés les films et on assiste donc aux tournages de péplums, de films avec scènes aquatiques, de westerns... Dans les années 50, concurrencés par la télévision, les studios doivent opter pour des films à gros budgets et que ce soit dans l'image des acteurs ou que soit celle des films, ils cherchent à renvoyer une vision époustouflante du monde cinématographique. Et ces pastiches sont de véritables réussites, avec un George Clooney qui cabotine à merveille !

"C'est une histoire sans fin car son histoire est écrite dans une lumière éternelle" :  Ave César ! n'est pas un simple exercice de style, bien que les séquences semblent parfois juxtaposées sans trop d'effort de raccord, mais propose une réflexion sur les finalités de cet art.  Lorsque la voix off commente le film que nous regardons, nous constatons qu'un parallèle est tissé entre la religion et le cinéma, redoublé par de nombreuses allusions à la foi. Le cinéma permet-il de se rapprocher du bien et de la vérité. S'apparente-t-il à une forme de religion ? La politique, dans son lien avec le cinéma, n'est pas négligée avec l'intervention d'un groupe de communistes et avec les valeurs occidentales véhiculées dans les diverses parodies. Un bon film des Cohen !

Ave César !, d'Ethan et Joel Cohen, 2016, Netflix, avec George Clooney, Scarlet Johansson, Josh Brodin

Sur le web : Dasola

Guichard Louis, Avé César, Télérama. URL : https://www.telerama.fr/cinema/films/ave-cesar,500609.php

23 mars 2019

Pierre Grassou de Balzac : ISSN 2607-0006

index

Dans l'immense fresque romanesque de La Comédie humaine, on peut trouver plusieurs textes balzaciens autour de l'art et du génie : "Pierre Grassou", "Gambara", "Massimilla Doni" ou "Le chef-d'oeuvre inconnu". Après les bouleversements picturaux du Romantisme où se sont illustrés des artistes comme Géricault ou Delacroix, à quoi ressemble le marché de l'art ?

Qui est Pierre Grassou de Fougère, le personnage éponyme ? " Tout en Fougère annonçait la médiocrité" (p. 20). Pourtant, ce peintre va être décoré et expose ses tableaux dans les Salons. Ses premières oeuvres, qui sont de serviles imitations de grands maîtres, sont achetées par Magus, un marchand d'art inquiétant avec "un air diabolique". Ce dernier va lui présenter d'anciens négociants en bouteille, les Vervelle, dont la fille représente cent mille francs de dot. Va-t-il épouser cette "asperge" rousse comme le lui conseille Magus ? Que deviennent les tableaux de Pierre Grassou vendus au marchand de toiles, qui ont pris une singulière patine ancienne ?

Balzac se moque de ce "gâcheur de toile" en l'opposant à d'autres artistes de génie comme le fictionnel Bridau. Alors que ce dernier incarne le Génie, Grassou pioche, économise, peint pour la bougeoisie. Ses tableaux ne sont que des pastiches : " Inventer en toute chose, c'est vouloir mourir à petit feu ; copier, c'est vivre" (p. 26). Emblématisés par la couleur jaune de l'argent, les bourgeois ne sont pas épargnés par l'auteur de Gobseck : "Il [Grassou] se promena sur le Boulevard, il y regardait les femmes rousses qui passaient ! Il se faisait les plus étranges raisonnements : l'or était le plus beau des métaux, la couleur jaune représentait l'or, les Romains aimaient les femmes rousses, et il devint Romain, etc." ( p. 32)

Réifiés, animalisés, les Vervelle considèrent l'art comme une marchandise. A Pierre Grassou qui a donné des esquisses à sa future belle-mère, Vervelle dit : " Il ne faut pas donner ainsi vos tableaux, c'est de l'argent" (p. 33). Balzac peint le goût bourgeois reposant sur l'argent, dégradant ainsi le goût esthétique. Ce petit récit dessine l'état de la sphère de l'art sous le règne du "roi bourgeois". Quant à Balzac qui n'imite personne mais invente le retour des personnages, crée La comédie humaine et l'étude des milieux comme les naturalistes de son temps, il n'a rien d'un Grassou mais tout d'un génie...

Balzac Honoré, "Pierre Grassou", Baume les Dames, Nathan, 2013.

LC avec Cléanthe. Prochaine LC : "Melmoth réconcilié" le 23 mai et Le bal de Sceaux le 27 avril.

La comédie humaine :

1. Scène de la vie de province : Eugénie Grandet, Le cabinet des antiques

2. Scène de la vie parisienne : La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais, "Pierre Grassou"

3. Etudes philosophiques : La peau de chagrin, L'auberge rouge, "L'Elixir de longue vie"

4. Scène de la vie privée : Mémoires de jeunes mariées, Le père Goriot, Le colonel Chabert, Gobseck, "La bourse",

5. Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

21 mars 2019

Le Maître et Marguerite de Boulgakov : ISSN 2607-0006

 

product_9782072836459_195x320

http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-classique/Le-Maitre-et-Marguerite

En ouvrant le roman Le Maître et Marguerite de Boulgakov, on découvre deux personnages, Berlioz, rédacteur en chef d'une revue littéraire et Bezdomny, un poète, qui dialoguent et font la rencontre d'un individu qui a toutes les caractéristiques du diable : il aurait connu Ponce Pilate et raconte une anecdote sur Ponce Pilate, dont il aurait été témoin (chapitre II) tout en annonçant la mort de Berlioz. Evidemment, nos deux littérateurs refusent de le croire et pensent plutôt avertir la police politique. Cet incipit, ancré dans Moscou, est donc fantastique et plutôt étonnant. A cela s'ajoute un questionnement métaphysique :  " Si Dieu n'existe pas, alors, dites-moi, qui est ce qui gouverne la vie humaine et plus généralement l'organisation des choses terrestres ?" (p. 54), demande l'inconnu diabolique.

Mais continuons avec Likhodeïev, directeur des Variétés qui se retrouve face à l'inconnu, qui se fait appeler Woland. Il a deux comparses, dont un énorme chat noir qui marche sur ses deux pattes arrières. Likhodeïev partage justement son appartement avec le défunt Berlioz à cause de la crise du logement. "Ces derniers temps, d'ailleurs, Monsieur se conduit comme un fieffé cochon. Monsieur se saôule, Monsieur profite de sa position pour avoir des liaisons, Monsieur n'en fiche pas une rame et d'ailleurs il ne pourrait pas en ficher une rame car il ne connaît rien à la besogne qui lui a été confiée. Monsieur est un bluffeur qui trompe ses chefs !", dévoile le comparse de Woland (p. 161, chapitre XI). Et pour se débarrasser de lui, Woland le téléporte à Yalta. Nikanor Ivanovitch Bossoï, le président de l'association des occupants de l'immeuble 302 accepte un pot de vin de Woland, qui veut loger dans l'appartement de Likhodeïev, et se retrouve dénoncé pour trafic de devises étrangères.

Au chapitre XII, Woland devenu "mage" fait un spectacle avec ses deux acolytes et crée une hystérie collective, tout en dénonçant publiquement les hypocrisies d'Arkadi Apollonovitch Sempleïarov, le président de la Commission d'acoustique des théâtres de Moscou, aussitôt arrêté par des Miliciens. Vous l'aurez compris, la satire des milieux littéraires est féroce et celle de la police politique aussi, faisant disparaître tout le monde, sur simple dénonciation.

Nous arrivons au chapitre XIII, intitulé "Apparition du héros" ( p. 235). Nous sommes à nouveau en compagnie de Bezdomny, qui entre-temps a été interné ( chapitre VI). Jugez un peu : Ivan Nikolaïevitch ( dont le surnom est Bezdomny) déclare qu'il est dans cet asile à cause de Ponce Pilate, à un écrivain qui peut se promener dans la clinique psychiatrique, en passant par des balcons. "La description  de la mort horrible de Berlioz suscita de sa part [celle de l'écrivain] cette remarque énigmatique [...]. Puis dans un cri passionné mais étouffé il ajouta : " poursuivez !". Le chat essayant de payer sa place à la receveuse divertit le visiteur à l'extrême, et il étouffait silencieusement de rire tandis qu'Ivan, tout excité par le succès de sa relation s'accroupissait et bondissait sans bruit, mimait le chat tenant sa pièce de dix kopecks contre sa moustache" (p. 239). L'écriture est souvent comique et les personnages burlesques contribuent à la satire des milieux littéraires. Nous apprenons aussi que l'écrivain se faisant appeler le "Maître" a écrit un roman refusé par tous.

Mais j'en ai déjà trop dit tout en passant sous silence un nombre impressionnant de détails ! Ce roman foisonnant et satirique semble difficile d'accès mais il n'en est rien. Une fois entrés dans cet univers fantastique, réaliste et burlesque, nous rions - parfois jaune lors de la description en rêve des grands procès publiques, ou des lieux de détentions ( chap. XIX) ou de l'obligation de faire des activités collectives ( chap. XVII) - de la peinture de la vie moscovite des années 20-30. Un plan à la fin du livre permet de repérer les lieux évoqués. L'introduction par Françoise Flamant et une notice proposent des analyses sur la dimension religieuse du texte, sur l'histoire du manuscrit, sur les autobiographèmes et sur l'intertextualité.

L'écriture, rendue extrêmement visuelle par des annotations de gestes est aussi très érudite, même si la culture russe évoquée peut échapper sans les notes de bas de page : "Là ! Là ! Derrière l'armoire ! C'est lui ! Regardez, il rigole ! Il a même son lorgnon... Arrêtez-le ! Aspergez la pièce d'eau bénite !" (p. 278) est une parodie du Faust de Gounod et "sombre ciel où la tempête" (p. 145) est le premier vers d'un poème de Pouchkine... C'est la rencontre improbable entre le non-sense carrollien, la satire voltairienne sur fond de mythe faustien. Mais quelle oeuvre ! Une oeuvre incroyable !

Boulgakov, Le Maître et Marguerite, Edition et traduction de Françoise Flamant, Malesherbes, Folio, 2018.

Partenariat Folio.

18 mars 2019

La neuvième vie de Louis Drax d'Alexandre Aja : ISSN 2607-0006

The 9th Life of Louis Drax (Jamie Dornan, Aaron Paul, Sarah Gadon, Aiden Longworth)–Official Trailer

La neuxième vie de Louis Drax mêle plusieurs influences pour créer un film prenant même s'il reste en dessous de certains modèles du genre comme Le labyrinthe de Pan de G. del Toro ou Quelques minutes après minuit de Bayona. Ce long-métrage est l'adaptation d'un livre de Liz Jensen.

Débutant de manière burlesque, la voix off de Louis, un petit garçon, narre comment plusieurs accidents ont failli lui coûter la vie. A huit reprises, il a frôlé la mort ! Electrocution, chute, accidents ont jalonné sa vie. Lors de son anniversaire, il tombe d'une falaise et son père disparaît, ce qui le rend suspect aux yeux de la police. Tombé dans le coma, sa mère veille sur lui, de même qu'un neurologue (incarné très platement par Jamie Dorman, qui semble devoir jouer toujours le même type de rôle). Des flash-back de la vie de Louis finissent par reconstituer les évéments dramatiques. Le père de Louis est-il un assassin ?

 A la fois hitchcokien - cette fois-ci, ce n'est pas une femme qui disparaît mais un homme - et fantastique, le scénario parvient à bien allier ces deux éléments à l'enquête policière. Si l'on peut faire un rapprochement avec les films de Guillermo del Toro et J. A. Bayona, c'est parce que le monstre n'est ici que la métaphore des peurs de l'enfant, qui n'arrive pas à surmonter un drame. Il incarne à la fois l'imaginaire enfantin et un traumatisme.

Scénaristiquement bien construit, la tension ne retombe jamais. Sous des dehors de conte fantastique, La neuxième vie de Louis Drax cache des aspects plus profonds qu'il n'y paraît et aborde un domaine psychologique intéressant.

La neuvième vie de Louis Drax, Alexandre Aja, Netflix, 2017, 1h48, Aiden Longworth, Jamie Dornan, Sarah Gadon.

Sur le web : Douaire Samuel, " La neuxième vie de Louis Drax" d'Alexandre Aja : terrifiant et merveilleux" Télérama, mis en ligne le 24 juin 2017. URL : https://www.telerama.fr/cinema/la-9e-vie-de-louis-drax-d-alexandre-aja-terrifiant-et-merveilleux,159907.php

Publicité
14 mars 2019

Frère d'âme de David Diop : ISSN 2607-0006

frere_dame

https://www.audiolib.fr/livre-audio/frere-dame-9782367628516

Frère d'âme commence par une terrible scène, in medias res. Le lecteur est projeté au coeur de la Guerre de 14-18. Un soldat sénégalais, Alfa Ndiaye voit son ami Mademba Diop éventré, mourir sous ses yeux, au bout d'une longue agonie. Il regrette de ne pas l'avoir tué au moment où ce dernier le lui demandait. Miné par la culpabilité, Alfa effraie les autres soldats en coupant les mains de ses ennemis. La sauvagerie qu'il symbolise aux yeux des autres soldats blancs devient une seconde nature chez ce tirailleur devenu fou à cause de la culpabilité et de l'atrocité de la guerre.

La lecture paraît parfois pas assez nette, à cause de la voix grave de Babacar M'Baye Fall (Vous pouvez écouter un extrait sur le site) ou trop articulée, pour donner de la force à ses paroles, pour marteler son propos. Cependant, le roman est saisissant, émouvant. Les scènes décrites, le comportement d'Alfa ne sont pas édulcorées : le récit est dur, très dur, il montre la folie humaine née de la barbarie.

L'écriture très simple, anaphorique et répétitive reflète les actions sans cesse répétées, la folie d'Alpha confronté au traumatisme de la mort de son meilleur ami. "Toute chose comporte en elle son contraire", " toute chose est double" : d'abord considéré comme un héros de guerre, il est vu comme "un fou sanguinaire". On lui reproche de faire une guerre " peu civilisée" ! Mais qui est le barbare ?

Le narrateur évoque aussi les mutinés qui sont fusillés, un capitaine Armand amoureux de la guerre, les femmes, l'amour, son passé au Sénégal. Et puis, il évoque avec force, avec tendresse, son amitié avec Mademba, annoncée dès le titre programmatique. Qu'aurait pu penser un tirailleur sénégalais pendant la Grande Guerre ? Quels sentiments aurait-t-il éprouvés sous le feu des ennemis ? S'inspirant des Paroles de poilus de Guéno, David Diop fait entendre la voix d'Alpha, ses pensées, ses émotions, des expressions particulières et les coutumes peules. Un texte et une écriture à lire, à écouter et à découvrir !

Frère d'âme, David Diop, Audiolib, lu par Babacar M'Baye Fall, 2018, 3h40.

Audiolivre écouté dans le cadre du Prix Audiolib 2019.

Sur le web : Par Jupiter ! 2018. "David Diop". Animé par Charline Canhoenacker, Alex Vizoreck. Diffusé le vendredi 9 novembre 2018.

Propos recueillis par Gladys Marivat, "David Diop :" La France a construit l'image d'un tirailleur courageux, obéissant et parfois sanguinaire", Le monde, mise en ligne le 30 décembre 2018. URL : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/30/la-france-a-construit-l-image-d-un-tirailleur-courageux-obeissant-et-parfois-sanguinaire_5403714_3212.html

Kodjo-Grandvaux Séverine, "Centenaire du 11-Novembre : l'Afrique, l'autre scène de guerre", Le monde, mis en ligne 06 novembre 2018. URL : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/06/centenaire-du-11-novembre-l-afrique-l-autre-scene-de-guerre_5379416_3212.html

11 mars 2019

Blade runner 2049 de Denis Villeneuve : ISSN 2607-0006

BLADE RUNNER 2049 Bande Annonce VF (Nouvelle // 2017)

Faire une suite à Blade runner ? Etait-ce utile ? La suite n'est qu'une pâle copie du film de Ridley Scott : un blade runner, l'officier K, est chargé de tuer des Nexus VIII, des androïdes de nouvelle génération qui se rebellent contre l'être l'humain. Lors d'une de ses missions, l'officier K découvre une malle enterrée avec des ossements. Cela l'amène à des découvertes qui vont intéresser la Wallace entreprise, qui fabrique les androïdes.

Visuellement impeccable avec une ambiance de fin de monde glaciale, où tout est minimaliste, comme les dialogues, Villeneuve developpe tant bien que mal ( et plutôt mal) une enquête où tous les événements tirent en longueur, sans nécessité : la révolte des "réplicants" est évoquée puis oubliée, de même que les projets de la Wallace entreprise dont on voit le directeur, à deux reprises, mais qui est bien vite délaissé. Alors que les enjeux du transhumanisme se font plus présents de nos jours, le film se contente de développer une atmosphère mélancolique.

Simple copie de Blade runner, on retrouve les scènes iconiques du film du réalisateur d'Alien le huitième passager, comme le repas dans un quartier populaire, la mort d'un androïde non pas en slip sous la pluie, mais en manteau dans la neige ( et évidemment sans dialogue métaphysique), l'oeil s'ouvrant initiant le film... Dans cet interminable long-métrage, on peut voir des acteurs jouant mal, ayant une ou deux expressions à leur disposition, voire aucune ( Jared Leto ou Harrison Ford). On cherche les enjeux mais il semblerait qu'il n'y en ait pas. Une suite commerciale ? Que de lenteur ! Que de vide !

Blade runner 2049 de Denis Villeneuve, avec Harrison Ford, Ryan Gosling, 2017, 2h44

Autres films : Premier contact, Incendie, Enemy, Prisoners

Sur le web : Dasola

Morice Jacques, Blade runner 2049, Télérama. URL : https://www.telerama.fr/cinema/films/blade-runner-2049,511409.php

No ciné. "Blade Runner 2049, réplicant sans répondant".

Débat sur "blade runner 2049", Le Cercle, présenté par Auguste Trapenard, 2018.

7 mars 2019

La toile du monde d'Antonin Varenne : ISSN 2607-0006

la toile du monde

https://www.audiolib.fr/livre-audio/la-toile-du-monde-9782367628257

Une femme, Aileen Bowman, élevée dans un ranch du Nevada et journaliste du New-York Tribune, vient couvrir, afflubée de son pantalon et de ses bottes, l'exposition universelle de Paris de 1900. Monuments parisiens et personnalités historiques font l'objet des articles de la journaliste américaine. Les nuits parisiennes et les rencontres professionnelles ou amoureuses se succèdent pour dépeindre "la toile du monde".

Arrivée dans le "monde électrifié", Aileen va résider dans les locaux de la Fronde, dirigée par la féministe Marguerite Durand. Elle y rencontre d'autres femmes qui se battent, par exemple, pour qu'elles puissent exercer le métier d'avocat. "Cela ne m'empêche pas de me méfier des combats pour obtenir autant que les autres, parce que que les autres ne vous l'accordent jamais avant d'être certains que vous êtes devenues un des leurs, que vos différences sont effacées. Les hommes accorderont le droit de vote aux femmes quand ils seront sûrs  qu'elles voteront comme eux", déclare la femme américaine : cette phrase est certainement plus remarquable que bien des écrits féministes.

Aileen est un personnage fictionnel mais elle rencontre de nombreux personnages historiques comme l'inventeur du moteur Diesel (Rudolf Diesel), des peintres tels que Julius Stewart, des scientifiques, des critiques comme Royal Cortissoz... L'exposition universelle est ainsi évoquée de manière précise et documentée, à travers des dialogues et de couts paragraphes descriptifs. Les articles d'Aileen sont d'ailleurs une personnification de Paris qui énoncerait elle-même les changements advenus dans la ville lumière. L'auteur ne s'arrête pas là et continue à énumérer les métamorphoses du monde moderne au début du XXeme en narrant la vie d'Aileen de retour dans son ranch.

A cette première intrigue, d'autres s'ajoutent comme une relation amoureuse naissante entre Aileen et un ingénieur, puis avec sa femme. Parallèlement à ses articles, la journaliste recherche aussi ses racines ( sa mère est française) et son frère, Joseph, un métis indien participant aux spectacles des villages coloniaux. Et c'est là que le roman, à partir de la moitié du récit, se perd dans des thèmes inutiles au développement de l'intrigue : l'auteur semble se complaire dans l'évocation de scènes érotiques concernant la vie intime de son personnage et à décrire avec complaisance des scènes de bordel, utiliser de manière répétive les mots "catin", "putain". Dommage qu'on s'attarde autant sur l'émancipation sexuelle du personnage principal alors que le sujet était déjà si riche.

La lecture de Julien Defaye  - comédien et photographe - s'accorde parfaitement avec le sujet et ses personnages : sa voix est dynamique comme l'est le personnage principal et la vie trépidante parisienne. Elle devient solennelle lorsqu'il fait parler Paris personnifiée dans les articles de journaux. Il sait aussi changer de tonalité dans les nombreuses conversation et on est ainsi jamais perdu dans l'écoute des dialogues (Vous pouvez écouter un extrait ici). Une belle lecture bien rythmée !

072

Neurdein frères, " Champ de Mars. Palais de l'électricité, fête de nuit"

BNF, Estampes et Photographie, D. L. 1900, Qb1 1900 folio, Exposition universelle, photographies de Neurdein, tome 3

 La toile du monde, Antonin Varenne, lu par Julien Defaye, 9h47, Audiolib.

Audiolivre lu dans le cadre du Prix Audiolib 2019.

Sur le web : Exposition virtuelle "Les Expositions universelles à Paris 1867-1900" Bibliothèque nationale de France.

5 mars 2019

Burning de Lee Chang-Dong : ISSN 2607-0006

BURNING (2018) Official US Trailer | Steven Yeun Movie

Adapté d'une nouvelle de Murakami, qui transpose un roman de Faulkner ( Barn burning), Burning  dévoile la vie de Jongsu, un jeune coursier qui souhaite devenir écrivain et qui admire Faulkner. Il tombe amoureux de Haemi, une jeune femme qui a été sa voisine dans l'enfance. Mais celle-ci part en Afrique et lui demande de venir nourrir son chat. Elle revient accompagnée d'un riche jeune homme, Ben, le Gatsby coréen. Peu après, Haemi disparaît. Ben prétend ne plus avoir de ses nouvelles. Qu'est devenue Haemi ?

Avec les influences littéraires citées, on s'attend évidemment à un flou entre la réalité et le rêve (Murakami) ou à un univers non perceptible entièrement (Faulkner). La première partie avant le départ de la jeune femme est ancrée dans le quotidien et on découvre progressivement la vie de Jongsu dans un monde rural, à la frontière de la corée du Nord. Il ne s'y passe pas grand chose. En revanche, après sa disparition, Jongsu suit Ben et peu à peu, on se met à douter des faits : le chat de Haemi existe-t-il ? Est-ce le même que celui de Ben ? Ce dernier brûle-t-il des serres pour s'amuser ? Des montages cut montrent Jongsu en train de dormir après certains évémements : ce que nous percevons, est-ce la réalité ?

Toute la première partie manque un peu de rythme, ce qui provoque l'ennui. Cependant, elle semble nécessaire pour comprendre la deuxième partie : le banal contraste avec une réalité qui se délite, dans un entre-deux où le film s'installe, symbolisé par de nombreux passages crépusculaires. Un film où le mystère reste entier et qu'on apprécie qu'une fois les dernières minutes visionnées... Dans le livret de 24 pages qui accompagne le DVD, on peut lire un article de François Bégaudeau et un entretien de Didier Péron (Libération) avec le réalisateur, qui laisse toute l'opacité du film.

Burning de Lee Chang-Dong, (2h28), Avec Yoo Ah-in, Steven Yeun, Yun Jong-seo, 2018.

Sur le web : Mandelbaum Jacques, "Burning", un trio brûlant dans une Corée de cendre", Le monde, mis en ligne le 28 août 2018. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/08/28/trio-brulant-dans-une-coree-de-cendres_5346863_3476.html

Le masque et la plume. 2018. "Les critiques du "Masque" enthousiasmés par "Burning" de Lee Chang-Dong". Animée par Jérome Garcia. Diffusée 7 septembre 2018.

Morice Jacques, “Burning” : c’était notre Palme d’or au dernier Festival de Cannes, Télérama, mis en ligne le 29 août 2018. URL : https://www.telerama.fr/cinema/burning-cetait-notre-palme-dor-au-dernier-festival-de-cannes,n5780944.php

Kaganski Serge, "Cannes 2018 : "Burning" de Lee Chang-dong, autre sérieux postulant à la Palme", Les Inrockuptibles, mis en ligne 17 mais 2018. URL : https://www.lesinrocks.com/2018/05/17/cinema/cannes-2018-burning-de-lee-chang-dong-autre-serieux-postulant-la-palme-111084154/

Débat sur "Burning", Le Cercle, présenté par Auguste Trapenard, 2018.

2 mars 2019

C'est le premier, je balance tout ( février 2019) : ISSN 2607-0006

c-est-le-1er-je-balance-tout-banniere-bicolore-marineLogo d'allez vous faire lire

1) LES CHRONIQUES VENUES D'AILLEURS

Effets Spéciaux, crevez l'écran - une exposition itinérante

 Saviez-vous que le premier film entièrement réalisé en images de synthèse est Toy story ? Mais comment sont crées ces images virtuelles ? L'univers cinématographique suscite-t-il votre curiosité ? Etes-vous impressionnés par les performances visuelles dans Le seigneur des anneaux ou par les CGI qui donnent vie à César dans La planètes des singes ? L'exposition " Crevez l'écran", qui vient tout droit de la Villette, s'expose en ce moment à Bordeaux jusqu'en juin 2019.

Ainsi vous pourrez découvrir les maquillages qui permettent de rendre crédible les personnages de films, la motion capture, la réalisation d'un film, de son script à la sortie dans les salles. Des activités ludiques donnent à voir la création d'effets spéciaux grâce au fond vert, à la plongée verticale ou à l'arrêt sur image et vous pourrez repartir avec vos propres courts-métrages !

Cap Sciences Hangar 20

du 13 octobre 2018 au 9 juin 2019

Site : CAP sciences

2) MES FILMS

"3 Billboards, les panneaux de la vengeance", la bande-annonce

Désespérée par le meurtre et le viol de sa fille et l'indifférence de la police locale, Mildred Hayes décide de louer trois panneaux publicitaires, pour dénoncer l'attitude de la police. Elle est alors en butte à toutes les critiques, de la part de sa famille et des habitants du village, notamment de Dixon, un flic homophobe et raciste. Pourtant, Mildred ne baisse pas les bras. L'enquête reste secondaire face à la composition des personnages. Mildred est montrée comme une femme courageuse, qui n'hésite pas à affronter toutes les situations, même si cela cache une culpabilité profonde. Quant aux autres personnages, ils évoluent et ne sont pas prévisibles. Ce qui caractérise le film, c'est le passage brutal de moments joyeux ou tendres à la tragédie la plus noire, sans oublier un humour grinçant. On est quand même en-dessous du cinéma des Cohen, dont on a rapproché le film... 

3 Billboards : les panneaux de la vengeance, 2017, Martin McDonagh, 1h55, avec France McDormand.

Sur le web : Régnier Isabelle «  3 Billboards » : une soif de vengeance désespérée", Le Monde, mis en ligne le 17 janvier 2018. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/01/17/3-billboards-une-soif-de-vengeance-desesperee_5242765_3476.html

Murat Pierre, 3 Billboards : les panneaux de la vengeance, Télérama. URL : https://www.telerama.fr/cinema/films/three-billboards-outside-ebbing-missouri,518156.php

Le masque et la plume. 2018. "3 Billboards" : absolument formidable du début à la fin, avec des éclats d'humour noir". Animée Jérome Garcia. Diffusée 29 janvier 2018.

3) MES LECTURES

Ce mois-ci, j'ai écouté La daronne d'Hannelore Cayre et Avec toutes mes sympathies d'Olivia de Lamberterie pour le prix Audiolib 2019. J'ai aussi lu quelques classiques comme Le facteur sonne toujours deux fois et une nouvelle balzacienne, "L'Elixir de longue vie". Une autre lecture commune s'annonce  le 23 mars avec "Pierre Grassou". Pour ceux qui le souhaitent, je propose "Melmoth réconcilié" pour le 23 mai.

121686543_o41XJRJEAuHLavec toutes mes sympathies

 

cain 001unité alphabetproduct_9782070376339_195x320

4) MES ACHATS

J'ai reçu deux livraisons d'audiolivres d'un coup pour le Prix Audiolib 2019 ! Que des auteurs que je ne connais pas ! J'ai aussi reçu en partenariat : La marque des Windfield de Ken Follet et le dernier roman de Jussi Adler Olsen ( L'unité Alphabet).

la toile du mondeindex51FMrxXkQKL

519z5BbSxfLart de la joieindex

Publicité
Publicité
1001 classiques
Newsletter
62 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 502 029
Publicité