© Kamome Shirahama

Après l'échec du passage de leur deuxième examen à cause de la confrérie du capuchon, nos jeunes sorcières ne se déprennent pas leur amitié et de leur euphorie ! En effet, à peine sortie des sentiers, alors que le maître Kieffrey est malade, Coco découvre l'Académie (tome 6) qui se situe sous l'eau ! Elle s'émerveille devant ce lieu féérique et les nombreuses merveilles qu'il recèle. Pour compenser l'interruption de leurs examens, l'un des grands sages leur propose de retenter leur examen.

Quant au tome 7, la mangaka s'attarde du l'histoire de Kieffrey : pour quelle raison a-t-il choisi Coco comme élève ? Quels liens l'unissent à la confrérie du capuchon ? Pendant ce temps, Coco s'est échappé de l'Académie et tente de rejoindre la tour bibliothèque où elle espère trouver les réponses pour sauver sa mère. Malheureusement, elle doit avant traverser un gigantesque lac qui fourmillent de monstres marins. Elle doit alors choisir d'aider son maître ou de réaliser son rêve. Que va-t-elle choisir ?

Voici deux tomes qui prônent les mêmes valeurs : qu'est-ce qu'un bon maître ? Quelle est la bonne manière d'enseigner ? Les apprenties sorcières réussissent à sortir vivantes de tous les pièges qui se dressent sous leurs pas grâce à leur amitié. Elles s'entraident dans tous les domaines. Quant à Olugio, tout un chapitre lui est consacré dans le tome 7 pour questionner le rôle de la magie.

Quant au dessin, il est toujours aussi impressionnant et'inventivif ! Les lieux surnaturels représentés sont particulièrement beaux et soignés. Surtout, les cases jamais semblables contribuent à l'enchantement visuel.

Les secrets autour de nos personnages se multiplient, de même que les rebondissements ! Que vont révéler les tomes suivants ?

Shirahama, L'atelier des sorciers, Pika,

sur le site : tome 1, tomes 2 à 5,

Participation au challenge Halloween 2022 (check-list sorciers et sorcières) organisé par Lou et Hilde

© Kamome Shirahama

© by IZUMI Ichimon / Kôdansha

Après la présentation des personnages et des lieux tibétains dans le premier tome, on voyait les deux jeunes fiancés dans le tome 2 se rapprocher, faire connaissance. L'un aime les plantes, l'autre tisser. Dans ce troisième tome, Kang Zhipa, espère aller au festival équestre de l'été. Seulement, peu de familles peuvent s'y rendre, les autres restant au village pour s'occuper des animaux et des champs...

La famille de l'apprenti médecin ayant été choisie, ils se rendent sur les lieux et nous pouvons assister aux différentes épreuves qui jalonnent le festival. Notre jeune héros y participe mais il n'arrive pas à gagner la course de cheval. Cet événement nous permet de découvrir les qualités du jeune fiancé, son désintéressement, son altruisme dans toutes les situations, qui tente d'exprimer ses sentiments à Lati. Cette dernière commence à douter d'elle. Est-elle à la hauteur ?

Nous continuons ainsi à découvrir les coutumes tibétaines du XVIIIeme siècle, notamment sur le mariage. LEs savoirs médicaux sont habilement insérés dans l'histoire tout en continuant à tisser la romance entre les deux fiancés... Quant aux dessins, ils sont toujours aussi éblouissants ! Les détails vestimentaires ainsi que les décors sont vraiment magnifiques ! N'hésitez pas à partir à la découverte du Tibet en compagnie de nos deux jeunes héros...

Izumi Ichimon, Blissful Land, tome 3 (série terminée en 5 tomes) Nobi Nobi, Italie, mars 2022

autres tomes : Tome 1

Participation au challenge Les étapes indiennes de Blandine et Hilde

Quelle joie de voir Annie Ernaux récompensée le jeudi 6 octobre 2022 par le prix Nobel de Littérature ! Dans Libération (7.10.2022), On peut lire dans l'interview de Michelle Perrot, l'historienne :"Dans tous ses livres, Annie Ernaux prend son sort en main en tant que femme, en tant que sujet social aussi. Elle parle d'elle mais sans faire d'autobiographie" et "A chaque instant, il faut franchir une frontière, contester un diktat, contester une domination sociale, sexuelle. Annie Ernaux est subversive. [...] Annie Ernaux raconte ce milieu [ouvrier], mais elle va plus loin, elle ne s'enferme pas là-dedans. C'est ce que j'aime chez elle, elle franchit les frontières".

Effectivement, on constate la même chose dans Le journal du dehors. Tout en racontant des scènes croquées sur le vif, Annie Ernaux nous parle d'elle tout en nous poussant à réfléchir sur nous-mêmes. Elle décrit dans "ce journal", année après année, les comportements des gens dans le métro, les discussions des passagers, et celles des clients de la boucherie où elle se rend. C'est une tentative d'atteindre "la réalité d'une époque" en pratiquant une "écriture photographique du réel".

Quel bonheur de lire cette écriture sans effusion. Et pourtant, l'écrivaine n'est pas complètement absente de son récit. Elle s'interroge bien évidemment sur ce désir de tout décrire, sur les finalités de ces notes. Voici ce qu'elle note après avoir entendu une femme raconter les mésaventures de sa mère : "Je m'aperçois que je cherche toujours les signes de la littérature dans la réalité" (p. 46). Elle analyse aussi les situations : " La grève des étudiants, inventifs, pleins d'humour, défendant le droit d'entrer librement à l'université, était une grève de futurs dominants, celle des cheminots sans 'grâce", extérieure, réclamant lourdement un peu plus d'argent pour vivre, une grève de dominés "(p. 52).

Que ce soit L'événement, La place, La honte, une femme, ou Mémoire d'une fille, Regarde les lumières mon amour, toutes les oeuvres d'Annie Ernaux sont à découvrir !

Ernaux Annie, Journal du dehors, folio, Espagne, 13 août 2020, 107 p.

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1) FILMS

Coup de théâtre de Tom George (sur instagram)

2) LIVRES

Voici le challenge Halloween qui commence : Hilde et Lou proposent de nombreux défis et des lectures ! Les mangas Celui qui hantait les ténères et L'appel de Cthulhu de Gou Tanabe sont ma première participation... Je suis impatiente de découvrir vos lectures !

J'ai découvert des nouvelles de Jules Verne avec Une fantaisie du docteur Ox et Un hivernage dans les glaces, deux pièces de théâtre : Des éclairs d'Echenoz et Ceux qui avaient choisi de Charlotte Delbo. J'ai relu un classique Le vieil homme et la mer d'Hemingway (instagram) et lu aussi quelques BD ( Le bestiaire du crépuscule et Ornithomaniacs (instagram) de Darian Schmitt, Tesla Note et Kemono Incidents d'Aimoto) et un album : Chien bleu de Nadja (instagram).

3) ACHATS

Voici mes derniers achats : Les mémoires d'un chat d'Arikawa, LEs yeux du dragon de S. King et Le cauchemar d'Innsmouth de Lovecraft pour le challenge Hallloween.J'ai aussi acheté Leviathan, le tome 2, de S. Kuroi et Fool Nigth de Yasuda. Après avoir entendu Claire Berest en conférence, j'ai acquis le connaissance des arts sur Frida Khalo, Frida Khalo de C. Burrus, Gabriele et Rien n'est noir !

https://www.telerama.fr/musique/a-lopera-comique-les-eclairs-brillent-sans-faire-detincelles-7003821.php

Saviez-vous que le roman des Eclairs a été adapté en pièce de théâtre par Echenoz ? Voici ce qu'il déclare : "Le Théâtre National de l'opéra-comique m'a proposé d'adapter mon roman Des Eclairs paru en 2010. Ce livret reprend donc l'argument général de l'ouvrage, mais dans une organisation différente. Les personnages, les lieux, les situations et les dialogues ont été recréés pour servir la forme singulière d'un opéra" ( Edition de Minuit).

En effet, Des éclairs, l'opéra, reprend les principaux éléments de la vie de Tesla, en s'arrêtant sur des moments clés : son arrivée en Amérique, la rencontre avec Edison ou Axelrod et par exemple, l'invention de la chaise électrique. Les phrases courtes et les énumérations arrivent tout aussi bien que le roman, bien que plus brièvement, à donner vie au génie de Tesla.

Echenoz Jean, Des éclairs l'opéra, Les éditions de minuit, Normandie, août 2020, 94 p.

Quant au biopic Tesla, c'est un film étrange et ennuyeux : le réalisateur Michael Almereyda a eu l'idée de filmer des scènes fictives, complètement inexistantes, comme un Edison qui s'excuserait d'avoir pris les inventions de Tesla. Aucun des événements importants de la vie de Nikola Tesla n'est repris. Au contraire, le réalisateur s'attarde sur des événements du quotidien qui n'apportent pas grand chose sur la vie de ce génie comme le remariage d'Edison, ou des séances de patinage artisitique.

En outre, sans doute à la recherche d'originalité, M. Almereyda a choisi d'interrompre parfois le biopic pour qu'un des personnages relate, face caméra à l'aide d'un ordinateur, la postérité du génial scientifique : on trouve beaucoup de photo d'Edison dont nous avons retenu le nom mais qu'en est-il de Tesla ? Un biopic à éviter !

Ce fascinant personnage sert aussi de prétexte à une histoire surnaturelle d'espionnage dans le manga Tesla notes. De son vivant, Tesla paraissait déjà génialement fou : cette dimension farfelue du personnage est exploitée dans Tesla Notes : Botan a été élevés de manière à devenir une espionne pour lutter contre une terrible organisation qui veut s'approprier des inventions de Tesla : le scientifique, après la guerre, avait décidé d'enfermer ses papiers sur ses créations dans plusieurs cristaux disséminés dans le monde... mais ces fragments peuvent se "réveiller" : ainsi voit-on au début du manga que l'un des cristaux a créé une distortion du temps provoquant le déraillement d'un train et deux accidents de voitures sans aucun survivant...

Même si Tesla apparaît à certains moments clés de l'histoire, ce sont surtout les relations entre deux apprentis espions qui sont développés : Botan n'ayant jamais vécu avec d'autres personnes, elle doit apprendre à s'adapter à cette nouvelle vie. Une touche d'humour est ajouté grâce à la présence du grand-père de Botan, une espèce de vieux cabotineur.

En revanche, plus surprenant est la présence dans cette intrigue se déroulant en Norvège, ce qui change notablement déjà de cadre par rapport aux autres mangas, autour d'un migrant noir et de son fils. Cet aspect sociétal très rare est bien intégré dans l'ensemble... Tesla note est assez atypique pour éveiller notre curiosité...

Kubo Tadayoshi et Nishida Masafumi, Tesla Notes, tome 1 (2 en cours), Vega Dupuis,

Lovecraft est certainement l'un des auteurs qui a le plus influencé la pop culture avec la création de toute une mythologie personnelle que nous pouvons retrouver d'un roman à l'autre. Alors que vient de sortir le 8eme tome des chefs d'oeuvre de Lovecraft, Le molosse, découvrons les précédents opus...

Dans Celui qui hantait les ténèbres, un jeune artiste est retrouvé mort, croit-on, frappé par la foudre. Mais aucun éclat de vitre devant laquelle il se tenait assis ne vient attester de cette version de l'histoire. Des notes qu'il a écrites juste avant son décès mentionnent plutôt une église inquiétante qui contient une non moins étrange pierre. Attiré irrémédiablement par ce vieil édifice que tout le monde évite, il la visite et réveille évidemment une sorte de monstre ancien "celui qui hantait les ténèbres" !

Quant à L'appel de Cthulhu, il a été adapté en manga par Gou Tanabe dans la série "Les chefs d'oeuvre de Lovecrat", de même que L'abîme du temps ou Celui qui hantait les ténèbres. Le mangaka arrive parfaitement à retranscrire l'univers lovecraftien : tous ses personnages ont l'air dément et les architectures gigantesques des anciens sont bien recréées.

La chronologie des histoires est elle aussi respectée. Si les cadrages sont toujours très réguliers et de facture classique, en revanche, la folie, la peur, les créatures monstrueuses créent une atmosphère justement... très lovecraftienne ! Gigantisme, perte des repères, anciens cultes, tout l'univers cauchemardesque de l'auteur américain sont mis en valeur par Gou Tanabe.

Tanabe, Gou, Celui qui hantait les ténèbres, Ki-oon

Tanabe Gou, L'appel de Cthulhu, Ki-oon

Autres oeuvres de l'auteur : Par delà le mur du sommeil, Dans l'abîme du temps, L'appel de Cthulhu

participation au challenge Halloween 2022 organisé par Lou et Hilde

©Tanabe Gou 2019

KEMONO JIHEN © 2016 by Sho Aimoto

Dans le tome 3, les trois amis Akira, Shiki et Kabané doivent affronter des démons araignées dans une entreprise soudainement florissante. Ils découvrent qu'elle est dirigée par des kemonos qui exploitent les humains - une critique indirecte du monde du travail ? - mais ils arrivent à surmonter les difficultés notamment grâce à Kabané...

La fin du tome 3 débute par une légende, celle du fil d'or. Commencent alors la quête de sa mère par Shiki. Il cherche à retrouver celle-ci qui est une femme araignée. Cette fois-ci, on découvre un kemono exploité par des humains. De retour dans son village natal, il retrouve son oncle. Apparaît aussi dans ce tome, un nouvel antagoniste, un jeune renard au service d'Inari, la renarde à la tête des forces de police.

Dans le tome 4, l'affaire concernant l'oncle de Shiki est résolue et Kabané, accompagné de la renarde Kon et de la soeur de Shiki, doit affronter un kemono sans visage et les deux jeunes filles qui sont amoureuses de lui !

Tout en menant leurs enquêtes et en s'entraidant, les trois amis doivent apprendre à grandir, à gagner leur vie et à affronter leur problème d'adolescents. On suit avec plaisir les aventures de ces jeunes garçons devant cohabiter avec des humains tout en évoluant. Le mangaka développe bien fantastique, réalisme tout en donnant une grande place à l'amitié.

Aimoto Sho, Kemono incidents, tomes 3 et 4, (13 en cours) Kurokawa.

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Autres tomes lus : tomes 1 et 2

Lu aussi par Docbird : son avis ici

Ecrit de jeunesse avant ses grands succès comme Vingt mille lieues sous les mers ou Le tour du monde en 80 jours,"Un hivernage dans les glaces" est un court récit d'aventures néanmoins passionnant. A une époque où le pôle nord ou sud ne sont pas encore totalement cartographiés, le romancier français imagine de rocambolesques aventures pour nos marins de Dunkerque.

Jean Cornbutte et Marie attendent "La jeune Hardie", le bateau où le fils de Jean s'est embarqué. Mais il n'est pas revenu : le second André Vasling, leur apprend que Louis a voulu venir en aide à un goélette et qu'ils ont tous disparu à cause des mauvais courants. Jean n'hésite pas un instant : il ira chercher son fils dans les mers du Nord...

Chaque court chapitre présente une péripétie : les marins affrontent des montagnes de glaces, des tempêtes, des températures mortelles et - avant Di caprio dans The revenant - même combattre des ours à mains nus ! Sans répit, sur un rythme dynamique, on suit les différentes aventures des personnages dans un univers hostile.

Mais il n'y a pas que l'hostilité des lieux que doivent affronter ces hommes : perdus dans ces étendues neigeuses, ils devront aussi faire face à un traitre. Les personnages sont caricaturaux et les bons sont récompensés et les mauvais punis. Pourtant, Jules verne arrive à montrer diverses attitudes et sentiments humains à travers cette incroyable aventure.

Verne Jules, Un hivernage dans les glaces, Etonnants classiques, Barcelone, mars 2022, 155 p.

autres romans sur le site : Le tour du monde en 80 jours, Une fantaisie du docteur OX

KEMONO JIHEN © 2016 by Sho Aimoto

Kemono incidents de Sho Aimoto dose habilement folklore japonais et enquête policière. Chaque tome s'intéresse à un personnage de l'agence d'Inugami.

Kabané est un jeune garçon méprisé par tous dans le petit village où il habite. Un jour, des animaux en putréfaction sont retrouvés. Qui les as tués ? Un détective de Tokyo vient enquêter : Kanabé croit être le responsable des carnages... Mais il va faire de nombreuses découvertes : Kohachi, le détective, est en réalité une "créature de légende", un tanuki mais il coexiste avec les humains. De même, Kabané est un hybride mi-humain, mi goule...

Après de nombreuses péripéties, il est embauché dans l'agence et doit mener, dès son arrivée, une première mission concernant des ectoparasites. Outre ces enquêtes, notre jeune héros voudrait retrouver ses parents qui l'auraient abandonné et fait la rencontre de nouveaux hybrides, Shiki et Akira. 

Dans le tome 2, il est confronté à une renarde, travaillant dans les forces de polices, qui cherche à le tuer pour récupérer la gemme du destin qui lui permettrait de vivre sans dépendre des humains. Elle leur reproche d'avoir empiété sur le territoire des kemonos... Ce tome regorge de nouveaux personnages, de nouvelles enquêtes ! Kabané découvre l'existence d'un vampire caché dans l'agence, tout en étant poursuivi par une renarde qui veut le tuer, tout en menant une nouvelle enquête qui met en lumière le passé d'Akira.

On ne s'ennuie jamais tant le rythme des enquêtes est rapide ! Les personnages sont amusants, attachants et mystérieux... Une foule de kemonos sont évoqués et une note de bas de page aurait permis de mieux les connaître lorsqu'on ne connaît pas toutes ces légendes... Seul le dessin est assez banal, les protagonistes ressemblant assez à ceux des shonens traditionnels. Les décors sont assez peu développés par ailleurs... mais l'histoire est assez captivante pour nous donner envie de découvrir les tomes suivants...

Aimoto Sho, Kemono incidents, tomes1, 2, Kurokawa.

sur le web : lu aussi par docbird ici son avis sur le tome 6.

A la fin du chapitre sur la seconde Guerre Mondiale où le rôle des femmes a été minimisé, dans son essai Les grandes oubliées, Titiou Lecoq conseillait de lire Charlotte Delbo, touchée par ses paroles "Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants"* et son rôle. Découvrons donc les oeuvres de cette femme, notamment sa pièce de théâtre Ceux qui avaient choisi.

Dans un café, un ancien nazi, un hélleniste, aborde une femme qui est en train de lire un de ses romans. Mais cette femme est une ancienne rescapée des camps de concentration. Le dialogue entre les deux personnages semblent impossible : qui était responsable de ces horreurs ? "Cette question a été souvent débattue de la folie qui s'empare de tout un peuple, expliquée par les économistes, les politiques, les psychologues, les sociologues, les gemanistes, etc. elle n'a pas été élucidée pour autant. On voudrait comprendre", déclare Françoise, la femme.

Au delà de ce dialogue, l'auteur introduit d'autres thèmes sur le souvenir, l'amour, la résistance... le tout narré dans une forme atypique : Charlotte Delbo qui a été secrétaire de Jouvet n'écrit pas une pièce classique : deux tableaux se succèdent dans lesquels des paroles disposées comme un poème sont insérées. Voici une oeuvre engagée à connaître

 *[...] Comment comment/ vous pardonner d'être vivants/ comment comment vous ferez-vous pardonner/ par ceux-là qui sont morts pour que vous passiez bien habillés de tous vos muscles/ que vous buviez aux terrasses/ que vous soyez plus jeunes chaque printemps/ Je vous en supplie/ Faites quelque chose qui vous justifie/ Apprenez un pas/ Une danse/ Quelque chose qui vous justifie/ Qui vous donne le droit/ D'être habillés de votre peau de votre poil/ Apprenez à marcher et à rire/ Parce que ce serait trop bête/ A la fin/ Que tant soient morts/ Et que vous viviez/ Sans rien faire de votre vie" (Charlotte Delbo, Une connaissance inutile).

Delbo Charlotte, Ceux qui avaient choisi, Etonnants classiques, Barcelonne, 2017, p. 119